Airbus CSeries et Alstom, des investissements en millions et milliards perdus
De 4 milliards de dollars, le placement de la Caisse dans Alstom ne vaut plus aujourd’hui que 2 milliards de dollars et des poussières

Michel Girard
Après la perte du gouvernement du Québec de 1,3 milliard de dollars avec la gamme des avions CSeries de Bombardier, voilà que le mégaplacement de « notre » Caisse de dépôt et placement dans la multinationale Alstom a lui-même fondu de 2 milliards de dollars.
Retour sur ces deux placements d’envergure qui ont plutôt mal tourné.
Commençons par la CSeries de Bombardier, devenue l’A220 sous le géant de l’aéronautique Airbus.
Le bureau du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, m’a confirmé que l’investissement de 1,68 milliard de dollars dans le sauvetage du super avion de ligne civil CSeries de Bombardier ne valait plus que 300 millions $.
En 2015, le gouvernement de Philippe Couillard avait injecté 1,3 milliard dans la gamme des CSeries de Bombardier. Et 2022, le gouvernement de François Legault allongeait un montant supplémentaire de 380 millions afin de permettre au gouvernement québécois de conserver une part de 25 % dans le programme de l’A220.
- Écoutez le segment économie avec Michel Girard via QUB radio :
On se rappellera que Bombardier, aux prises avec de graves problèmes financiers, en 2017, avait finalement cédé au géant Airbus le contrôle de la gamme des avions CSeries qu’elle avait développée à très gros coûts. Et ce, pour une piastre symbolique, rien de plus !
Sous la multinationale Airbus, l’avion CSeries 100 est devenu l’A220-100 et l’avion CSeries 300 a changé de nom pour l’A220-300.
Bien que le carnet de commandes de l’A220 soit relativement bien rempli, la rentabilité, elle, se fait toujours attendre. Les dernières rumeurs ne ramènent pas le début de la rentabilité avant 2025, 2026.
C’est en 2028 que le gouvernement du Québec pourra exercer son option visant à faire racheter par Airbus sa part de 25 % dans ledit programme du A220.
Souhaitons que l’éventuelle valeur de rachat de ces 25 % soit un peu plus élevée que les 300 millions $ actuels !
ALSTOM S’ÉCRASE
Le 17 février 2020, le PDG Charles Émond annonçait que la Caisse « devient l’actionnaire le plus important d’Alstom » à la suite de l’acquisition de Bombardier Transport par Alstom. Non seulement la Caisse « roulait » dans Alstom son bloc d’actions de Bombardier Transport, mais en plus, elle injectait une somme supplémentaire d’un milliard de dollars.
Placement total de la Caisse dans Alstom : 4 milliards de dollars. Cela allait lui permettre de détenir environ 18 % de la multinationale européenne, et deux sièges au conseil d’administration (CA).
Qu’est-il advenu de ce mégaplacement de la Caisse dans Alstom ? Elle détient toujours deux sièges au CA d’Alstom. Mais la valeur marchande de son placement dans Alstom, elle, a été divisée par deux !
Eh oui ! De 4 milliards $, ce placement de la Caisse dans Alstom ne vaut plus aujourd’hui que 2 milliards $ et des poussières.
Lorsque la grosse transaction a été initialement annoncée, l’action d’Alstom se négociait autour de 48,70 euros. Hier, à la fermeture, le titre a clôturé à 21,46 euros. En baisse, donc, de plus de 50 % par rapport à l’annonce du « deal » en février 2020.
Lors des deux exercices financiers qui ont précédé l’intégration de Bombardier Transport dans le giron d’Alstom, la multinationale européenne avait déclaré un bénéfice net de 467 millions d’euros au 31 mars 2020 et un bénéfice net de 247 millions d’euros au 31 mars 2021.

Puis lors de l’an 1 de l’intégration de Bombardier Transport dans l’Alstom agrandie, l’exercice financier s’est terminé dans le rouge de 581 millions d’euros. Et lors du dernier exercice, la perte nette est 132 millions d’euros.
Comme lueur d’espoir, sachez que les prévisions de revenu net s’annoncent positives pour l’exercice en cours et les deux suivants.
On souhaite de tout cœur que la Caisse puisse au moins récupérer une partie de ses « pertes » sur papier dans Alstom.
Mais ça ne réparera jamais la gaffe monumentale que la Caisse avait commise en préférant acheter des trains d’Alstom fabriqués en Inde pour les faire rouler sur le REM, au lieu d’acheter des trains fabriqués par Bombardier à La Pocatière.
Financé au coût de 8 milliards $ par la Caisse (avec nos épargnes) et les gouvernements de Québec et d’Ottawa (avec nos impôts et nos taxes), notre REM représente aujourd’hui une super vitrine internationale pour les trains d’Alstom fabriqués en Inde !
Cela nous en fait une belle jambe !