Aimer plus fort, parce que tout peut s’arrêter demain


Laure Waridel
Quand j’ai levé la main pour une chronique sur le bonheur, je ne me doutais pas que je l’écrirais en plein deuil de notre chienne Toundra.
Hier, la vétérinaire a mis fin à sa souffrance.
Même si, ce matin, elle n’est plus là, j’ai l’impression de l’entendre encore dans la maison. Je m’attends à pouvoir plonger mes yeux dans les siens.
Mon cœur la cherche.
Le pouvoir des liens
Si des animaux pouvaient être canonisés, il y aurait une sainte Toundra, tant elle a fait du bien à de nombreux humains pendant ses 13 années de vie.
Les animaux ne portent pas de jugement. Toundra aimait tout le monde librement. Elle amenait de la joie à tous ceux qui croisaient sa route, même aux cœurs les plus brisés et aux esprits les plus grognons.
Sans le savoir, elle a accompagné des deuils, consolé de grands chagrins.
Ma fille Alphée ne serait pas tout à fait la même personne sans la présence de Toundra durant son enfance et toutes les zoothérapies qu’elle a faites avec elle. Elle lui a appris la douceur et la patience, et l’importance de respecter la bulle de l’autre.
Toundra était un morceau de nos vies. Un petit bout de bonheur qui vient de nous échapper.
Aimer
C’est quand on perd un être cher qu’on réalise à quel point il comptait pour nous. Même si on peut fermer les yeux et respirer profondément en pensant aux beaux moments passés ensemble, le vide est parfois abyssal.
Je le ressens encore quand je pense à mes parents. Même si je savais qu’un jour ils partiraient, dans le fond de mon cœur, ça semblait tout simplement impossible.
Puis, soudainement, la vie nous rattrape. Celle qui, paradoxalement, se définit par la mort.
C’est d’ailleurs parce qu’elle a une fin que la vie est si précieuse et mérite autant qu’on en prenne soin. Qu’on s’émerveille et qu’on la célèbre.
L’éphémère nous oblige à aimer plus fort, à vivre plus vrai.
On réalise que de mettre son ego de côté est souvent libérateur. On s’ouvre aux autres pour mieux aimer.
Oser
C’est peut-être là le plus grand cadeau de la mort: elle nous éveille.
Elle nous rappelle que tout passe, que rien ne peut être tenu pour acquis. Et que c’est justement cette fragilité qui donne à la vie tout son sens.
Quand on comprend que tout peut s’arrêter demain, on n’attend plus les grandes occasions. On dit merci. On dit je t’aime. On prend le temps. On est là, pleinement.
Même si on n’y arrive pas toujours, on essaie. Et ça fait du bien.
Pour moi, aimer plus fort, c’est oser être soi, lié aux autres. Bien que ça nous rende parfois vulnérables, ça nous rend aussi plus forts.
En tout cas, moi, ça me rend beaucoup plus vivante et surtout heureuse!
En cette époque bouleversante, se laisser émerveiller par le printemps qui renaît nous rappelle à quel point la vie est un cadeau.
Joyeuses Pâques!