Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles

Aide médicale à mourir refusée: cet homme désespéré de 43 ans a mis fin à ses douleurs

Le Montréalais vivait avec des souffrances atroces au dos depuis 20 ans

Vincent Berthiaume, 43 ans, a mis fin à ses jours il y a un mois, après que sa demande d’aide médicale à mourir a été refusée. 

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Vincent Berthiaume, 43 ans, a mis fin à ses jours il y a un mois, après que sa demande d’aide médicale à mourir a été refusée. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Partager
Photo portrait de Héloïse Archambault

Héloïse Archambault

2025-06-16T04:00:00Z
Partager

Un Montréalais de 43 ans qui vivait avec des souffrances insupportables depuis 20 ans a mis fin à ses jours après s’être fait refuser l’aide médicale à mourir.

«Il était plus qu’exténué, il était à bout, confie son frère Pierre-Olivier Berthiaume, 45 ans. J’ai été aux premières loges des non-soins que Vincent a reçus.»

Pierre-Olivier Berthiaume, dont le frère Vincent Berthiaume a mis fin à ses jours après sa demande refusée d’aide médicale à mourir. COURTOISIE (Courtoisie Pierre-Olivier Berthiaume)
Pierre-Olivier Berthiaume, dont le frère Vincent Berthiaume a mis fin à ses jours après sa demande refusée d’aide médicale à mourir. COURTOISIE (Courtoisie Pierre-Olivier Berthiaume) Courtoisie Pierre-Olivier Berthi

L’histoire de cet ancien enseignant de théâtre est infiniment triste. Après une blessure au dos en 2004, la douleur avait dégénéré. Vincent Berthiaume devenu invalide disait vivre avec un syndrome de douleurs chroniques.

Il devait prendre de fortes doses d’opioïde (fentanyl) tous les trois jours. Malgré les médicaments, il avait constamment une douleur de «cinq sur dix» et passait ses journées dans son lit.

Toutes sortes de traitements

«Je suis prisonnier de mon corps. Je ne veux pas mettre fin à ma vie, mais je ne peux plus continuer à vivre comme ça», avait confié Vincent Berthiaume au Journal, en janvier dernier.

Vincent Berthiaume, 43 ans, a mis fin à ses jours il y a un mois, après que sa demande d’aide médicale à mourir a été refusée.
Vincent Berthiaume, 43 ans, a mis fin à ses jours il y a un mois, après que sa demande d’aide médicale à mourir a été refusée. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

«Il y a un problème à quelque part dans le système», croit son frère ingénieur, amer.

Publicité

Suivi au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), Vincent Berthiaume jurait avoir essayé tous les traitements imaginables: infusions de kétamine, physiothérapie, cannabis thérapeutique, etc.

Depuis un an, sa demande d’aide médicale à mourir avait été refusée à trois reprises, au CHUM et à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Selon des documents consultés par Le Journal, des médecins invoquaient qu’il existait des traitements pour le soulager.

«Il n’y avait plus rien à faire. Tout le monde l’avait abandonné», déplore pourtant son frère aîné.

Le 10 mai dernier, Vincent Berthiaume a mis fin à ses jours. Il avait tenté de porter plainte au CHUM, mais sa demande avait été refusée, selon son frère. Une lettre envoyée au ministre de la Santé est aussi restée sans réponse, ajoute-t-il.

«Je veux juste porter la voix de Vincent pour éviter qu’une autre personne se bute à l’immobilisme médical. Surtout avec les lois qu’on a adoptées», dit le Montréalais, qui aimerait obtenir des excuses officielles des autorités.

Une enquête du coroner est en cours, comme c’est toujours le cas lors d’un suicide. 

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Sophie Durocher, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«On l’a abandonné»

Le député solidaire de Rosemont Vincent Marissal déplore l’échec du système.

«J’ai l’impression qu’il est tombé dans les craques ou qu’on ne l’a pas pris au sérieux [...], qu’on l’a abandonné, réagit le député de Québec solidaire, dont le bureau a accompagné M. Berthiaume dans ses déboires médicaux. Il voulait juste mourir dignement parce qu’il était arrivé au bout du rouleau. Et ce n’est pas ça qui s’est passé.»

Le député solidaire Vincent Marissal
Le député solidaire Vincent Marissal Photo d'archives

Par courriel, le CHUM a répondu que «chaque demande d’aide médicale à mourir est encadrée par des règles très strictes, appliquées de façon rigoureuse par des spécialistes de différentes disciplines.»

L’hôpital n’a pas ouvert d’enquête interne. 

– Avec la collaboration de Valérie Gonthier

Critères pour recevoir l’aide médicale à mourir
  • Être majeur et mentalement apte;
  • Avoir un problème de santé grave et incurable;
  • Ressentir des souffrances physiques ou psychologiques existentielles intolérables (selon l’appréciation personnelle de la personne);
  • Donner un consentement éclairé.

Source: Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité

Besoin d’aide pour vous ou un proche ?
LIGNE 24/7 DE LA VIGILE
1-888-315-0007
CENTRE DE PRÉVENTION DU SUICIDE DE QUÉBEC
1-866-277-3553
ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DE PRÉVENTION DU SUICIDE
aqps.info

Publicité
Publicité