Aide médicale à mourir refusée: cet homme désespéré de 43 ans a mis fin à ses douleurs
Le Montréalais vivait avec des souffrances atroces au dos depuis 20 ans


Héloïse Archambault
Un Montréalais de 43 ans qui vivait avec des souffrances insupportables depuis 20 ans a mis fin à ses jours après s’être fait refuser l’aide médicale à mourir.
«Il était plus qu’exténué, il était à bout, confie son frère Pierre-Olivier Berthiaume, 45 ans. J’ai été aux premières loges des non-soins que Vincent a reçus.»

L’histoire de cet ancien enseignant de théâtre est infiniment triste. Après une blessure au dos en 2004, la douleur avait dégénéré. Vincent Berthiaume devenu invalide disait vivre avec un syndrome de douleurs chroniques.
Il devait prendre de fortes doses d’opioïde (fentanyl) tous les trois jours. Malgré les médicaments, il avait constamment une douleur de «cinq sur dix» et passait ses journées dans son lit.
Toutes sortes de traitements

«Il y a un problème à quelque part dans le système», croit son frère ingénieur, amer.
Suivi au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), Vincent Berthiaume jurait avoir essayé tous les traitements imaginables: infusions de kétamine, physiothérapie, cannabis thérapeutique, etc.
Depuis un an, sa demande d’aide médicale à mourir avait été refusée à trois reprises, au CHUM et à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Selon des documents consultés par Le Journal, des médecins invoquaient qu’il existait des traitements pour le soulager.
«Il n’y avait plus rien à faire. Tout le monde l’avait abandonné», déplore pourtant son frère aîné.
Le 10 mai dernier, Vincent Berthiaume a mis fin à ses jours. Il avait tenté de porter plainte au CHUM, mais sa demande avait été refusée, selon son frère. Une lettre envoyée au ministre de la Santé est aussi restée sans réponse, ajoute-t-il.
«Je veux juste porter la voix de Vincent pour éviter qu’une autre personne se bute à l’immobilisme médical. Surtout avec les lois qu’on a adoptées», dit le Montréalais, qui aimerait obtenir des excuses officielles des autorités.
Une enquête du coroner est en cours, comme c’est toujours le cas lors d’un suicide.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Sophie Durocher, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
«On l’a abandonné»
Le député solidaire de Rosemont Vincent Marissal déplore l’échec du système.
«J’ai l’impression qu’il est tombé dans les craques ou qu’on ne l’a pas pris au sérieux [...], qu’on l’a abandonné, réagit le député de Québec solidaire, dont le bureau a accompagné M. Berthiaume dans ses déboires médicaux. Il voulait juste mourir dignement parce qu’il était arrivé au bout du rouleau. Et ce n’est pas ça qui s’est passé.»

Par courriel, le CHUM a répondu que «chaque demande d’aide médicale à mourir est encadrée par des règles très strictes, appliquées de façon rigoureuse par des spécialistes de différentes disciplines.»
L’hôpital n’a pas ouvert d’enquête interne.
– Avec la collaboration de Valérie Gonthier
Critères pour recevoir l’aide médicale à mourir
- Être majeur et mentalement apte;
- Avoir un problème de santé grave et incurable;
- Ressentir des souffrances physiques ou psychologiques existentielles intolérables (selon l’appréciation personnelle de la personne);
- Donner un consentement éclairé.
Source: Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité