Agressions sexuelles: cet ancien humoriste devra verser 90 000$ à sa victime
Sa carrière avait pris fin lorsque son nom s'était retrouvé sur des listes de présumés agresseurs sexuels


Camille Payant
Un ancien humoriste qui a «torturé psychologiquement» une femme en l’agressant sexuellement à deux reprises il y a une décennie est maintenant condamné à lui verser près de 90 000 $.
La victime, dont l’identité est protégée par un ordre de la cour, a décidé de se tourner vers les tribunaux civils plutôt que criminels afin de faire reconnaître les agressions qu’elle a vécues.
En 2015, la femme de 22 ans cherchait à obtenir du réconfort auprès de Jessy Sheehy parce qu’elle vivait des moments difficiles avec sa fréquentation, le meilleur ami de l’humoriste.
Sheehy affirme que la relation sexuelle qu’ils ont eue chez lui cette nuit-là était consensuelle. Mais sa capacité de se remémorer avec précision ce qui est survenu est lacunaire et il s’est contredit au procès, selon le juge Enrico Forlini.
Le magistrat a plutôt penché pour la version de celle qui étudiait à l’époque en secrétariat: elle a bel et bien été agressée sexuellement par Jessy Sheehy.
Nombreux refus
Le finissant de l’École nationale de l’humour en 2013 savait que la femme était «dans un état vulnérable émotionnellement» et n’a jamais accepté ses nombreux refus, a souligné le juge Forlini.

Une fois endormie, elle s’est fait réveiller par Sheehy qui l’agressait sexuellement.
«La poursuite de contacts sexuels après que [la femme] a dit “non” est une conduite insouciante et fautive qui n’est pas excusable», a clamé le juge Forlini.
Quelques mois plus tard, l’humoriste de la relève s’était rendu chez la femme puisqu’elle souhaitait rediscuter de l’événement.
Même si elle lui avait mentionné dès le départ ne pas vouloir de relation sexuelle, Sheehy était persistant dans ses avances. Encore une fois, il l’a suivie jusque dans la chambre.
«Épuisée psychologiquement et vaincue moralement, elle offre à M. Sheehy de se masturber devant elle», peut-on lire dans le jugement exhaustif.
Mais Sheehy n’était pas satisfait: il lui a demandé de se masturber à son tour.
«Elle accepte, non pas parce qu’elle le désire, mais parce qu’elle veut mettre fin à ce que le Tribunal qualifie de torture psychologique», a souligné le juge Forlini.
Deuxième victime
Une deuxième femme a aussi témoigné au procès avoir été agressée sexuellement par Jessy Sheehy à cette époque, cette fois-ci dans un spa alors qu’elle était fortement intoxiquée. Selon le juge Forlini, ce deuxième événement démontre un modus operandi de la part de l’humoriste.
Cette preuve dite de faits similaires a été révélée au grand public lors du procès civil opposant neuf femmes au fondateur de Juste pour rire Gilbert Rozon, où sept autres présumées victimes ont aussi témoigné des agressions qu’elles auraient subies.
La carrière de Jessy Sheehy a été de courte durée. En 2017, son nom est apparu sur une liste d’humoristes, qui auraient commis des gestes à caractère sexuel, transmise à plusieurs acteurs du milieu.
Puis, il est réapparu sur le site Web «Dis son nom», dont la liste répertoriait des personnes présumées avoir commis des gestes à caractère sexuel.
Cela a sonné la fin de sa carrière humoristique. Jessy Sheehy a depuis fait faillite et travaille comme concierge.
Il ne pourra toutefois pas se sauver des 87 500 $ qu’il devra verser à la victime, puisque cette dette ne pourra pas être réglée dans le cadre d’une autre faillite.
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