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L'article provient de 24 heures

Agressions à caractère sexuel: plus de jeunes fréquentent les centres d’aide

JULIEN BOUTHILLIER/24 HEURES/AGENCE QMI
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2024-09-20T12:08:08Z
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De plus en plus de jeunes de 17 ans et moins fréquentent les services du Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS). Devant ce constat, des expertes du milieu réitèrent la nécessité d'adopter au plus vite une loi-cadre contre les violences sexuelles dans les écoles.

«On remarque une bonne augmentation de la tranche d’âge des 12 à 17 ans, passant de 15% en 2016 à 28% en 2023», détaille la co-coordonnatrice et responsable aux communications du RQCALACS, Justine Chénier. 

Cette hausse s’expliquerait entre autres par la prévention et la sensibilisation dans les écoles, puis le fait que les violences sexuelles soient de plus en plus discutées sur Instagram et TikTok. 

«On voit une augmentation du pourcentage de victimes qui disent avoir connu les CALACS en milieu scolaire, soit 10% en 2016 et 19% en 2023», précise Mme Chénier. 

Le travail des groupes de jeunes militants, comme le collectif La voix des jeunes compte, a aussi permis selon elle de libérer la parole des victimes et témoins de violences sexuelles dans les écoles de la province. 

«Après avoir brisé l’omerta avec le mouvement #MeToo et les médias au Québec qui parlent plus de ces enjeux, ça permet aux parents et aux jeunes de mieux comprendre ces violences pour aller chercher des ressources», souligne l’intervenante jeunesse et cofondatrice de La voix des jeunes compte, Clorianne Augustin. 

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Peu d’aide pour les jeunes

À preuve, la violence de nature sexuelle arrive en tête des motifs de plaintes envers le réseau scolaire formulées au Protecteur national de l’élève, qui est entré en fonction il y a un an à peine. 

Dans certaines régions du Québec, comme en Estrie et dans une partie de Chaudière-Appalaches, elle concernait plus de 20% des signalements. 

Ces événements sont survenus surtout au secondaire et «en grande majorité» entre élèves. 

Les parents qui portent plainte dénoncent surtout «l’inaction» de l’école ou encore des «actions jugées inadéquates» lors de telles situations, expliquait au Journal de Montréal le protecteur de l’élève, Jean-François Bernier. 

Sur le terrain, La voix des jeunes compte constate également que les établissements d’enseignement ne sont pas tous équipés pour lutter contre les violences sexuelles. 

Et l’aide aux mineurs à l’extérieur des écoles est très peu accessible. 

• À lire aussi: Les écoles ne sont souvent pas équipées pour lutter contre les violences sexuelles

«Il n’y a pas de CALACS partout au Québec et le la liste d’attente est très longue à la Fondation Marie-Vincent», illustre le collectif. 

L’an dernier, les victimes et leurs familles devaient attendre jusqu’à 18 mois pour obtenir des services à la Fondation Marie-Vincent. 

«Il y a une rupture de services en matière de violences sexuelles pour les mineurs, tant pour les victimes que les agresseurs afin de les empêcher de récidiver. Avec la montée du masculinisme en ligne par exemple, il faut sensibiliser et prévenir dès le plus jeune âge», signale Mme Augustin. 

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Une loi au plus vite

À l’occasion de la 43e Journée d’action contre la violence sexuelle faite aux femmes, le 20 septembre, le RQCALACS et La voix des jeunes compte réitèrent la nécessité d'adopter une loi-cadre contre les violences sexuelles au primaire et au secondaire le plus rapidement possible. 

Le collectif réclame depuis 2017 la création d’une telle loi qui obligerait les écoles à mettre en place des mesures concrètes pour prévenir et lutter contre les violences à caractère sexuel, notamment en formant plus adéquatement le personnel scolaire. 

Une loi semblable existe déjà dans les cégeps et les universités. 

«Les écoles pourraient se doter d’un processus de gestion des plaintes qui tienne compte de la réalité spécifique des élèves, par exemple ne pas asseoir ensemble la victime et l’agresseur, comme on le fait dans les cas d’intimidation», explique Justine Chénier des RQCALACS. 

Mercredi, Le Journal de Montréal rapportait le cas d’une adolescente 14 ans de Lanaudière à qui le service scolaire et le Protecteur de l’élève refusent le droit le changer d’école, même si elle doit côtoyer son agresseur chaque jour en plus de subir de l’intimidation depuis qu’elle a porté plainte. 

Depuis, cette élève tranquille qui avait de bonnes notes, dit-on, sèche des cours de peur de se rendre à l’école. 

«Une loi-cadre amènerait des mesures d’accommodement visant à assurer la confidentialité des plaintes et ainsi protéger les victimes pour limiter les impacts sur leur parcours scolaire», ajoute Mme Chénier.

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