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L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

L’assassin de Daphnée Jolivet plaide coupable: horrible récit d’un carnage sans nom

La jeune femme de 19 ans a été sauvagement violée et poignardée à mort dans le sous-sol de la maison de ses parents dans Limoilou, à l’automne 2023

Photo fournie par la famille de Daphnée Jolivet
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-05-14T15:48:25Z
2025-05-14T16:09:17Z
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Le meurtrier de Daphnée Jolivet a reconnu avoir commis un sordide carnage dans la maison familiale de la jeune femme de 19 ans, qu’il a sauvagement violée avant de s’acharner sur son corps inerte en la poignardant à au moins 13 reprises, en plus d’attaquer au couteau un autre adolescent de 16 ans qui tentait de la protéger.

Ce survivant, dont l’identité est protégée par une ordonnance du tribunal, a pu fournir aux policiers une troublante description de ce qui s’est passé dans la maison des Jolivet, ce qui aurait dû être le «château fort» de Daphnée, le soir du 25 octobre 2023.

Au moment de lire cette déclaration, le procureur au dossier, Me Hugo Breton, a demandé au juge la permission de s’asseoir. Au fil de sa lecture, sa voix a flanché, entrecoupée à partir du corridor du palais de justice par les longs cris de douleur de la mère de Daphnée, incapable d’endurer à nouveau l’horreur.

«Il l’a violée et il l’a tuée»

Selon le résumé des faits présenté au juge José Rhéaume, l’assaillant serait entré dans la résidence de la rue Geneviève-Lamarre pour y commettre un vol. Il avait été observé dans les rues avoisinantes en train d’essayer d’ouvrir des portes de voitures en soirée.

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Une fois dans la maison, il a fouillé des tiroirs au rez-de-chaussée avant de s’emparer d’un couteau dans la cuisine et de descendre au sous-sol. Alors que ses parents dormaient à l’étage, Daphnée Jolivet a trouvé refuge, en panique, dans la chambre voisine, où se trouvait l’autre adolescent.

Photo déposée en preuve au tribunal
Photo déposée en preuve au tribunal

C’est là que le monstre a frappé.

D’abord, il s’en est pris au jeune homme, qui a tenté de le désarmer. Son corps entier a été mutilé de plus d’une cinquantaine de plaies causées par l’arme blanche. Il a fini par «feindre la mort» pour tenter d’échapper à la lame du meurtrier.

Il n’a toutefois pas pu échapper à ce qu’il a entendu alors qu’il gisait au sol, ensanglanté. Il n’a pu échapper aux paroles atroces prononcées par le monstre qui violait Daphnée à la pointe du couteau. Il n’a pu échapper non plus aux sons de cette dernière, terrorisée devant tant de rage.

«J’ai tout entendu», a relaté l’adolescent aux policiers dans les jours suivant le drame. «Elle a hurlé et il l’a tuée. Il lui donnait plein de coups de couteau et il disait "je vais te tuer". Je recevais du sang sur moi», a ajouté le jeune homme, qui était présent en salle d’audience mercredi.

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

Violence extrême

Après avoir semé la mort, l’agresseur a volé plusieurs objets dans la résidence et de l’argent. Il a ensuite volé la fourgonnette de la mère de la victime pour prendre la fuite. Il a été arrêté après une embardée survenue quelques centaines de mètres plus loin. Il était, à ce moment, couvert d’éclaboussures de sang en plus de dégager une forte odeur d’alcool. 

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Le couteau qui lui a servi à commettre son crime crapuleux se trouvait aussi dans la voiture.

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

Les corps de Daphnée et de l’autre victime, qui a miraculeusement survécu, ont été retrouvés quand les policiers se sont présentés chez les Jolivet en lien avec leur voiture volée. L’adolescent avait la tête posée sur le corps inerte de celle qu’il avait tenté de protéger.

L’autopsie a révélé 13 plaies pénétrantes sur le corps de Daphnée Jolivet, principalement à la tête. Signe de la violence extrême de l’agresseur, un bout d’environ huit centimètres de la lame du couteau s’est brisé et a été retrouvé dans le crâne de la victime. Une paire de ciseaux a aussi été utilisée dans le carnage.

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

En preuve, l’analyse de laboratoire de sciences judiciaires a permis de retrouver l’ADN de l’agresseur dans la maison des Jolivet et partout sur le corps de la victime. Du sang de la jeune femme a aussi été retrouvé sur le pénis de l’accusé.

Peine pour adulte?

Me Hugo Breton a informé le tribunal d’une requête du ministère public pour l’assujettissement du jeune délinquant à une peine pour adulte (voir encadré).

Pierre-Paul Biron - Journal de Québec
Pierre-Paul Biron - Journal de Québec

Le débat sur cette question se tiendra à une date ultérieure, une fois le rapport présentenciel demandé par le tribunal effectué. Le dossier a été reporté à septembre.

Le jeune meurtrier, représenté en défense par Me Gabriel Michaud-Brière, est quant à lui demeuré totalement impassible durant les procédures. Il a froidement répondu aux questions du juge et avait la tête baissée durant la lecture du troublant résumé des faits. Il n’a jamais regardé vers la salle d’audience, où se trouvaient ses parents et une vingtaine de proches de la victime.

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Peine pour adulte ou pour adolescent?

Le ministère public a annoncé son intention de réclamer une peine pour adulte pour le meurtrier de Daphnée Jolivet.

Voici ce à quoi le jeune délinquant de 18 ans s’expose.

S’il est condamné à une peine pour adolescent
  • Privation de liberté pour 10 ans
  • 6 ans en détention
  • 4 ans en liberté surveillée
S’il est condamné à une peine pour adulte
  • Sentence à perpétuité
  • Possibilité de faire une demande de libération conditionnelle après 10 ans

Un rapport présentenciel sur l’assujettissement du criminel à une peine pour adulte sera confectionné pour éclairer le tribunal sur la situation du jeune. Les proches de Daphnée Jolivet pourraient également se faire entendre lors d’une audience sur la peine à imposer.

Un cas profondément problématique

En plus de ses plaidoyers de culpabilité pour meurtre, agression sexuelle armée et tentative de meurtre, le jeune assassin de Daphnée Jolivet a reconnu sa participation à une émeute en centre jeunesse, en plus de plaider coupable à des accusations en lien avec sa fuite lors d’un transfert, de menaces et de vols.

Le jeune homme, maintenant âgé de 18 ans, a reconnu sa culpabilité à plusieurs autres infractions mercredi. 

Il s’était notamment enfui lors d’un transfert du centre jeunesse, armé d’un pic artisanal. Il a à plusieurs reprises menacé des intervenants de mort, rappelant à plusieurs reprises le crime sordide qu’il a commis.

«J’en ai déjà tué une, je peux en tuer d’autres», a-t-il lancé à des responsables lors d’une intervention.

Déjà détenu aux adultes

Preuve de l’ampleur des problèmes du jeune homme de 18 ans, ce dernier est incarcéré dans une prison pour adultes depuis décembre. C’est le CIUSSS de la Capitale-Nationale qui avait fait cette requête dès l’atteinte de la majorité du jeune criminel.

Initialement sous ordonnance de non-publication, les motifs de cette demande peuvent maintenant être dévoilés. La direction du centre jeunesse souhaitait expulser l’adolescent parce que ce dernier semait un véritable «climat de terreur» dans l’établissement.

Comportements sexualisés envers les intervenantes, mise en danger de la sécurité des usagers et employés du centre, participation minimale à sa réhabilitation, refus des services offerts, absence de progrès, fuite de sa garde légale, participation à une émeute: la liste des doléances des responsables était longue.

«Il est à noter que l’adolescent a nommé à des jeunes qu’il était en détention parce qu’il avait commis un meurtre. Certains ont été très ébranlés», lit-on dans le rapport soumis par le CIUSSS en soutien à la requête de transfèrement.

La coordonnatrice écrivait d’ailleurs noir sur blanc, dans ce rapport, que «les gestes de violence ainsi que les comportements sexuels inappropriés, sans exprimer de remords et en toute déresponsabilisation apparaissent plus qu’inquiétants».

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