Agression sexuelle sur une cliente: l’ex-restaurateur Luigi Leoni veut s’éviter un casier judiciaire
Le restaurateur bien connu, déclaré coupable d’agression sur une cliente, demande une absolution inconditionnelle à la cour

Pierre-Paul Biron
Continuant de nier les gestes qui lui sont reprochés et pour lesquels le tribunal l’a déclaré coupable d’agression sexuelle, le restaurateur bien connu Luigi Leoni demande la clémence de la cour par l’octroi d’une absolution inconditionnelle. L’octogénaire a déjà bénéficié d’une telle mesure, en 1999, pour un dossier de même nature.
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L’ex-propriétaire du Parmesan, véritable institution du Vieux-Québec, a été reconnu coupable, en décembre 2021, d’agression sexuelle sur une cliente américaine qui visitait le restaurant avec son mari et des amis.
Pendant le souper du groupe, Leoni s’est glissé derrière la femme avant de retirer le bras de son mari du dossier de sa chaise pour, semble-t-il, lui «faire une blague» en y plaçant le sien.
La femme a toutefois témoigné au procès avoir senti le restaurateur glisser son bras sous son aisselle avant de lui empoigner un sein.
«La société a changé»
Dans le cadre des observations sur la peine à lui imposer, lundi, l’avocat de Luigi Leoni a lu une lettre rédigée par l’homme de 82 ans. Ce dernier, qui s’est retiré de l’actionnariat du Parmesan depuis l’accusation, continue de nier les événements, insistant sur l’idée qu’il a voulu faire une blague et qu’il a touché l’épaule de la victime.
«La société a changé et considère maintenant inacceptables et criminels des comportements qui, il n’y a pas si longtemps, ne l’étaient pas», a-t-il affirmé par la voix de son avocat, ajoutant être «fortement désolé» s’il avait offensé la victime.

«Pouvez-vous me dire à quelle époque c’était acceptable de toucher le sein d’une femme sans son consentement?» a demandé à Me Charles Levasseur le juge Steve Magnan, visiblement peu impressionné par l’explication.
Pour que Leoni puisse continuer de voyager à son condo en Floride, Me Levasseur a demandé l’octroi d’une absolution inconditionnelle. L’avocat de la défense estime que la condamnation à elle seule a eu l’effet dissuasif escompté, ajoutant que le restaurateur a toujours respecté ses conditions depuis l’ouverture du dossier et qu’il ne représente pas un danger.
Déjà-vu
La Couronne n’est toutefois pas du même avis.
D’autant moins que l’octogénaire a déjà bénéficié d’une telle mesure à la fin des années 1990, dans un dossier de même nature, a rappelé Me Mélanie Dufour. Aucun détail n’a été donné quant à cette autre affaire.
Cette information est habituellement confidentielle parce que l’absolution entraîne le retrait de toute trace d’une condamnation. Le juge Magnan a toutefois permis aux parties de mettre en preuve ce fait, puisque l’information est pertinente dans le cadre de l’imposition de la peine dans le nouveau dossier.
«Oui il est considéré comme un délinquant primaire aux yeux de la loi, mais le fait qu’il ait déjà reçu une absolution en même matière est pertinent dans l’analyse de sa bonne moralité», a plaidé Me Dufour, ajoutant qu’il pouvait être dommage pour M. Leoni de ne pouvoir se rendre en Floride, mais que ça ne militait pas pour autant pour l’octroi d’une absolution qui serait «contraire à l’intérêt public».
Le ministère public a ainsi suggéré l’imposition d’une peine de prison «de courte durée».
«Je parle d’une peine de deux ou trois mois», a précisé Me Dufour, ce qui permettrait notamment l’imposition d’une sentence discontinue.
Le juge Magnan a pris le dossier en délibéré et il devra rendre sa décision en janvier.
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