Agression sexuelle à Sherbrooke: la Couronne veut l’ex-moniteur scout Raphaël Bélisle en prison pour trois ans
Guillaume Cotnoir-Lacroix
La Couronne veut voir l’ex-moniteur scout sherbrookois Raphaël Bélisle en prison pour trois ans. Le jeune homme de 27 ans, coupable d’agression sexuelle et de contacts sexuels sur trois adolescentes, subissait les représentations sur sa peine jeudi, au palais de justice de Sherbrooke.
Deux victimes de Raphaël Bélisle se sont présentées devant le juge jeudi pour expliquer comment leur vie a été bouleversée par les agissements de leur ex-moniteur scout, qu’elles considéraient parfois comme un ami, parfois comme un confident. Une troisième victime a écrit une lettre qui a été lue par la procureure de la Couronne, Me Laïla Belgharras.
«J’ai gardé tout ça en dedans de moi, j’avais 13 ans», a notamment témoigné l’une d’entre elles, devant le juge Serge Champoux, avouant avoir été prise de cauchemars et avoir été intimidée à l’école, parmi plusieurs autres impacts.
Pour une deuxième victime, avec Bélisle, il n’y avait «pas de règle». «Maintenant, je m’en rends compte et je me sens un peu idiote», expliquant elle aussi avoir fait confiance à son ex-moniteur à l’époque.
Sentiment de culpabilité, pertes d’amitié, ou encore liens familiaux difficiles directement reliés au secret gardé, les adolescentes ont parfois retenu des larmes, en expliquant au juge ce que les crimes subis avaient engendré pour elles et leurs proches.
L’une des adolescentes a notamment été assise de force par Bélisle sur lui alors qu’il se trouvait en érection. Une autre a été prise en cuillère par Bélisle alors qu’elle s’apprêtait à s’endormir, avait-il été possible d’apprendre au procès, en mars dernier. Ces gestes se sont produits tantôt à son condo de Sherbrooke, tantôt dans des sorties organisées, l’une en Floride, l’autre dans un chalet en Estrie.
Pour la Couronne, ces gestes et leur contexte méritent trois années d’emprisonnement.
«Premièrement, on a trois victimes, de jeunes adolescentes qui étaient en situation vulnérable face à l’accusé, qui lui se retrouvait en situation d’autorité, ainsi que d’abus de confiance, analyse Me Laïla Belgharras. Les gestes se sont produits à plusieurs reprises sur une période de quelques mois», poursuit-elle.
Bélisle, «terrifié de la prison», veut neuf mois
Raphaël Bélisle s’est présenté devant le juge en dernier, pour exprimer avoir essentiellement tout perdu après la médiatisation de son dossier, mais avoir réussi à se reprendre en main. L’accusé avait à l’époque de son arrestation un rôle d’enseignant suppléant, en plus d’être famille d’accueil pour la DPJ. Bélisle a expliqué avoir entamé des études en charpenterie-menuiserie.
Il a paru surpris quand le juge lui a demandé comment il réagissait aux témoignages des victimes entendus plus tôt ce matin, avant de répondre.
«J’ai quand même beaucoup de frustration, il y a beaucoup de propos que je ne considère pas vrais, je suis conscient que vous avez rendu votre verdict, a-t-il débuté. Oui je m’en vais en appel, et tout ça, mais je considère quand même que j’ai fait preuve d’intégrité», a-t-il lancé, avant de revenir à son siège en haussant les épaules, en croisant le regard d’une proche.
Son avocat a plaidé pour une peine de 9 mois et, entre autres, a estimé qu’il était normal que Bélisle n’ait pas entamé d’introspection, alors qu’il nie toujours les gestes.
«Sans aucune surprise, on n'a pas de remords [de l’accusé] par rapport aux victimes, a lancé son avocat, Me Nicolas Lemyre-Cossette. Il a toujours clamé son innocence, on ne peut pas lui reprocher ça», a-t-il poursuivi. En revanche, pour la Couronne, cet argument ne tient pas la route.
«Vous avez une absence d’introspection claire. Je comprends qu’il a nié, par contre, il n’est même pas capable de se remettre en question sur la proximité qu’il a eu avec certaines adolescentes, même dans un contexte de jeu», a toutefois tonné Me Belgharras, en salle d’audiences.
L’avocat de Bélisle a énuméré une série de motifs qui militeraient selon lui en faveur d’une peine plus clémente que celle suggérée par la Couronne. Me Lemyre-Cossette, qui estime que son client présente un «bon potentiel de réhabilitation», a évoqué «l’importance de ne pas lui imposer une peine qui va être “écrasante”». L’avocat de Bélisle a aussi plaidé que le profil de son client était somme toute «positif».
Le juge Serge Champoux rendra sa décision en janvier prochain. Rappelons qu’en parallèle, Bélisle conteste toujours sa culpabilité en appel.