Affaire Epstein: Donald Trump «n’est plus en contrôle»

L’affaire Jeffrey Epstein n’est ni plus ni moins que le retour du balancier pour Donald Trump, qui semble avoir bel et bien perdu le contrôle du mouvement MAGA, estime le spécialiste de la politique américaine et membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand, Guillaume Lavoie.

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Face à de vives critiques, le président des États-Unis a demandé à sa ministre de la Justice, Pat Bondi, de rendre publics des documents judiciaires du dossier Epstein. Donald Trump a toutefois parlé de ne révéler que les documents «crédibles»; un concept jugé flou par M. Lavoie.

«Dans un monde de conspiration, à partir du moment où vous dites [vouloir] publier tout ce que les gens devraient savoir, évidemment vous ouvrez une porte de grange sur l’idée qu’il y a donc des choses qu’on ne devrait pas savoir», indique-t-il.

Il existe toutefois de véritables raisons tout à fait justifiables de vouloir retrancher certaines informations de l’œil du public, comme les noms des victimes si elles sont mineures, des témoins dont les interrogatoires n’ont mené à rien ou encore pour protéger certaines personnes d’une possible association avec Jeffrey Epstein.

«Mettez le nom d’un pédocriminel et là vous mettez les noms des gens qu’on a interrogés autour. Ça peut faire des dommages sérieux à la réputation des gens, par la seule association», explique Guillaume Lavoie.

Pourtant, tous ces arguments ne peuvent être utilisés par Donald Trump pour justifier la non-divulgation de certains éléments de l’affaire, estime le spécialiste de la politique américaine.

«Trump n’a jamais joué la carte de l’homme raisonnable, [de] l’homme d’État posé. Il a toujours été celui qui, ne se badrant pas avec la vérité, a profité, amplifié et catalysé les associations malicieuses pour son seul et propre gain. Alors, il n’a aucune crédibilité aujourd’hui pour aller dire: “Je ne vais pas publier telle chose parce que je pense que ce n’est pas dans l’intérêt public”. Quelqu’un d’autre pourrait dire ça, mais pas Trump», soutient M. Lavoie.

«Il est victime de la bête qu’il a lui-même créée. Il y a presque un côté de justice cosmique là-dedans», ajoute-t-il.

Perte de contrôle

Le président américain semble maintenant vouloir tenter d’étouffer l’affaire en dévoilant des documents, affirmant qu’il n’y a rien d’incriminant dans ces dossiers.

«Rendu où on est rendu, est-ce que quelqu’un va penser – quelqu’un qui pense déjà qu’il y a une conspiration terrible – qu’on va tout savoir une fois qu’on nous aura dit: “Maintenant, vous savez tout”?» se demande Guillaume Lavoie.

«Et c’est là où on n’en sort pas parce que c’est la même ministre de la Justice qui, la semaine dernière, disait: “C’est un dossier terminé”. C’est le même président qui, encore hier, disait: “Ceux qui embarquent là-dedans sont des faibles”. Le fait que Trump et son entourage doivent marcher sur la peinture donne un peu la mesure de combien la colère est grande dans sa frange de MAGA», ajoute l’expert.

L’inaction n’est toutefois pas une option pour le président américain à ce stade-ci, clame le membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand.

«Là, c’est en train de lui nuire et, s’il ne bouge pas, il y a une chance non nulle qu’il y ait une manœuvre à la Chambre des représentants pour forcer la chose. Et là, on est davantage dans l’embarras politique ou la démonstration de, peut-être pas de faiblesse, mais de moins de force absolue de Trump sur son parti», souligne Guillaume Lavoie.

Au cours de la dernière semaine, le président américain a multiplié les annonces pour faire diversion. Il a notamment dénoncé des pardons signés par une machine automatique durant le mandat de Joe Biden, menacé d’enlever la citoyenneté américaine à l’animatrice Rosie O’Donnell et proposé de modifier la recette du Coca-Cola.

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Jeudi, la Maison-Blanche a également révélé que Donald Trump souffrait d’insuffisance veineuse chronique.

Malgré ces nombreuses sorties, «ça revient toujours à l’affaire Epstein. Alors il n’est plus en contrôle de l’histoire et, rendu là, on se demande: “Ça va arrêter où?” Mais ça, c’est vraiment Trump qui est l’artisan de son propre malheur par la création de la chose et son extraordinaire mauvaise gestion de la chose», affirme M. Lavoie.