Publicité

Ado de 12 ans intimidée et poussée au suicide: «Je pense qu'il y a un genre d'omerta dans les écoles», dit la coroner

Partager
Photo portrait de Olivier  Boivin

Olivier Boivin

2025-10-09T15:40:29Z
Partager

Une coroner invite les différents intervenants à rendre compte de leurs actions prises pour s’attaquer au fléau de l’intimidation à l’école à la suite du décès d’une adolescente de 12 ans qui s’est enlevé la vie en automne 2024 après avoir été intimidée.

L’adolescente a été retrouvée sans vie derrière la résidence familiale par sa mère le 16 septembre de l’an dernier.

Dans son rapport publié le mois dernier, la coroner Nathalie Lefebvre explique que la jeune avait redoublé son année, en plus d’avoir vécu une rupture amoureuse au début de l’été, et qu’elle subissait des remarques désobligeantes de la part de ses camarades de classe.

«Selon une proche, [elle] s’automutilait et était l’objet de moqueries à l’école, car elle avait redoublé son année scolaire, peut-on lire. Elle avait également vécu une rupture amoureuse au début de l’été. Il semble en outre qu’elle ait fait l’objet de moqueries à cause de la couleur de sa peau.»

• Sur le même sujet, écoutez cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Publicité

En entrevue à QUB radio, diffusé au 99,5 FM Montréal, Mme Lefebvre estime que le personnel dans les établissements scolaires peut parfois être enclin à ne pas intervenir lorsqu’il est possible qu’une telle situation se déroule.

«Je pense qu'il y a un genre d'omerta dans les écoles, dit-elle. Je pense qu'il y a des intervenants, des professeurs qui disent que ça se fait sous le couvert, qu’ils ne viennent pas faire ça devant nous, mais je pense que les adultes sont au courant.»

Selon elle, des indices étaient présents afin de déceler la détresse de l’adolescente de 12 ans.

«Elle ne se projetait pas dans l'avenir et il n'y avait pas de sens à sa vie, soutient-elle. Il y a un carnet qui a été trouvé à l'école et il y avait des verbalisations comme ça. Il y avait des pensées, il y avait des dessins, il y avait des citations et elle exprimait son mal de vie. Je pense qu'une élève qui est malheureuse comme ça, à l'école, ça se voit.»

C’est pourquoi elle y est allée de huit recommandations au ministère de la Santé, au ministère de l’Éducation, à l’Association québécoise de prévention du suicide et à l’Institut national de Santé publique du Québec.

Elle propose notamment de renforcer la prévention, mais également d'assurer un suivi plus rigoureux des actions menées contre l'intimidation à l'aide d'un programme de «postvention».

«Je pense que ce qui est innovateur dans mon rapport, c'est la recommandation d'intervenir en "postvention", c'est-à-dire de demander aux écoles de rendre compte des actions qui sont entreprises, parce qu'il y en a des actions qui sont entreprises, affirme-t-elle. En tout cas, il y a des actions qui sont promulguées, puis il y a des outils qui leur sont donnés aux écoles.»

Même si elle croit que l’intimidation ne pourrait pas être totalement éradiquée des écoles, Me Lefebvre est d’avis qu’il faut en faire davantage pour prévenir que d’autres jeunes commettent l’irréparable.

«Je crois qu'il faut faire de la prévention, de l'intervention et de la convention, explique-t-elle. Est-ce que c'est réaliste? Je pense qu'il va toujours y en avoir, mais il faut intervenir.»

«Il faut faire de la prévention, ajoute-t-elle. Puis, quand on le voit, quand on est conscient, il faut intervenir. Puis il faut éduquer les jeunes, nos jeunes, ceux qui sont témoins, ceux qui sont les agresseurs et ceux qui sont victimes.»

Besoin d’aide pour vous ou un proche ?
Ligne québécoise de prévention du suicide
1-866-APPELLE (277-3553) aqps.info
Jeunesse, j'écoute
1-800-668-6868 jeunessejecoute.ca
Tel-Jeunes
1-800-263-2266 teljeunes.com

Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus

Publicité
Publicité