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L'article provient de 24 heures

Action collective contre Fortnite: oui, on peut devenir accro à un jeu vidéo comme à une drogue

AFP
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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2022-12-08T17:01:28Z
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La Cour supérieure du Québec a autorisé mercredi une action collective contre Epic Games, le concepteur du jeu vidéo en ligne Fortnite. Les trois parents derrière cette action collective allèguent que le jeu crée une dépendance, notamment auprès de jeunes joueurs. Mais est-ce vraiment possible de développer une dépendance aux jeux vidéo? On fait le point. 

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1800 heures à jouer au même jeu

À un certain moment, les jeux multijoueurs prenaient toute la place dans la vie Martin*. 

«Dans la période la plus creuse, j’ai joué à un seul jeu pendant 1800 heures, soit presque une année ouvrable sur une période d’environ deux ans», a-t-il raconté l’an dernier au 24 heures. 

«J’ai souvent passé des samedis à juste boire du café et fumer des cigarettes sans avoir mangé jusqu’à 18h, a poursuivi l’homme dans la trentaine. J’arrivais au travail complètement pété parce que j’avais joué jusqu’à 4h du matin, j’avais de la misère à faire ma journée. Je ne parlais à personne en dehors du jeu, sauf mes collègues.»

Comment en vient-on à délaisser le réel pour une vie virtuelle?

Les jeux vidéo peuvent venir combler des besoins de sociabilité. 

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«Ce sont souvent des jeunes qui ont de la difficulté à socialiser et trouvent une valorisation sociale dans le jeu. Ils se forgent une nouvelle identité», soutient Jacky Simard, coordonnateur aux admissions et aux communications du Centre CASA, un des seuls centres en prévention et traitement des dépendances aux jeux vidéo pour adultes dans la province.

Adobe Stock
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«Moi, ce qui me poussait à revenir, c’était vraiment le côté social de tout ça. C’est là que je bâtissais mes relations, c’est là que je socialisais. Il y a vraiment un aspect de gang. Quand tu es rendu à un niveau assez haut, tu te prévois des rendez-vous avec ta gang et tu as besoin d’être là, sinon c’est comme si tu laissais tomber l’équipe et les autres vont t’en vouloir», mentionne pour sa part Martin. 

Certains jeux sont également conçus pour que les joueurs y reviennent aussi souvent que possible. 

«Les jeux utilisent vraiment le système de récompense pour te rendre dépendant. Il y a des gens qui se spécialisent là-dedans. Par exemple, il y a certains jeux dans lesquels tu peux avoir une récompense simplement en te connectant. Même pas besoin de jouer! Si tu te connectes tous les jours, à la fin de la semaine, la récompense sera encore plus grande. C’est sournois et ça peut t’amener très loin», dénonce-t-il. 

Ça peut être comme une drogue

Le système de récompense utilisé dans ces jeux affecte le cerveau comme le ferait l’alcool ou la drogue, explique la docteure Marie-Ève Morin, qui travaille en dépendance et en santé mentale. 

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Gorodenkoff - stock.adobe.com
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«La dépendance aux jeux vidéo est une dépendance comportementale. Du point de vue neurobiologique, il se passe la même chose qu’avec la dépendance aux substances: le cerveau va sécréter beaucoup de dopamine. C’est le cas quand le joueur accumule des points ou qu’il passe des tableaux.»

Les symptômes de sevrage peuvent même être aussi importants que ceux ressentis par quelqu’un qui voudrait arrêter de consommer, poursuit-elle. 

«Il peut y avoir des symptômes de sevrage physique, même si c’est comportemental. Il peut y avoir des tremblements, des palpitations, des nausées et de l’insomnie créée par l’angoisse. C’est très sérieux.»

Ne pas hésiter à demander de l’aide

Martin a réussi à reprendre sa vie en main. Il souhaite maintenant que son histoire puisse permettre à d’autres joueurs de ne pas s’enliser comme il l’a fait. 

«Le gros problème de trop jouer, c’est que tu ne fais pas autre chose. Moi, je me suis éloigné graduellement. J’ai rencontré du monde qui m’ont fait rencontrer du monde et, tranquillement, j’ai rempli ma vie autrement. Il faut vraiment essayer de canaliser ses intérêts ailleurs.» 

Si vous pensez avoir des problèmes de jeux et que vous avez besoin d’aide, vous pouvez contacter les organismes suivants:       

  • Jeu: aide et référence: 1-800-461-0140       
  • Le Centre CASA: 1-877-871-8380            

* Il s’agit d’un prénom fictif, à la demande de l’homme, qui a souhaité garder l’anonymat.

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