Ottawa rejette un volet important de la fusion Shaw-Rogers

Raphaël Pirro
Rogers et Shaw, deux des plus importantes entreprises de télécommunications au pays, ne pourront pas transférer leurs licences pour les services sans-fil après qu’Ottawa s’y soit formellement opposé mardi après-midi.
L’annonce n’est pas une surprise, le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie ayant déjà fait connaître sa position sur cette mégatransaction plus tôt cette année.
«Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises: je ne renoncerai jamais à mon engagement de promouvoir la concurrence et des prix plus abordables pour les services sans fil au Canada», a déclaré François-Philippe Champagne dans un communiqué livré tout juste avant 18 h, mardi.
Cette décision vient mettre un terme à la «forme initiale» de la transaction.
Au départ, les deux entreprises visaient une fusion complète où les services sans-fil ne représentaient qu’un volet. La transaction était alors évaluée à environ 26 milliards $.
Les deux parties doivent entamer un processus de médiation devant le Bureau de la concurrence plus tard cette semaine. Le but est d’en arriver à une transaction qui puisse satisfaire toutes les instances, même si le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications avait approuvé la transaction.
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Des conditions à l’entente Québecor-Freedom
Le ministre a simultanément émis ses conditions dans l’acquisition projetée de Freedom Mobile par Québecor.
M. Champagne impose à Québecor de tenir les licences obtenues par Freedom pour une période minimale de dix ans – «ce qui veut dire que tout nouveau fournisseur de services devra s’engager à long terme», a déclaré M. Champagne.
Ce dernier impose aussi au conglomérat québécois d’offrir aux clients à l’ouest de la province des prix similaires à ceux qu’il offre aux clients du Québec.
«En effet, les prix au Québec sont aujourd’hui en moyenne 20 % plus bas que dans le reste du Canada», a affirmé le ministre.
Notons que Freedom Mobile est à l’heure actuelle une filiale de Shaw. Le rachat de Freedom par Québecor est évalué à 2,85 milliards $.
Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a confirmé mardi soir que son entreprise acceptera les conditions émises par le ministre Champagne.
«Nous entendons accepter les conditions énoncées par le ministre et les intégrer dans la nouvelle mouture déjà négociée de la transaction Rogers-Shaw/Québecor-Freedom Mobile. Ces dernières s'inscrivent dans la même lignée que notre philosophie commerciale couronnée de succès au Québec puisqu'elle nous a permis de prendre une part significative de marché en très peu de temps», a déclaré M. Péladeau, qui se dit heureux de constater que le ministre reconnait et favorise l’environnement concurrentiel dans les services sans fil.
«Nous entendons nous employer à faire bénéficier également aux Canadiens et aux Canadiennes des autres régions de meilleurs prix qui mettront fin au règne du «Big 3» en favorisant la concurrence, l'intérêt public et l'économie numérique canadienne», a-t-il ajouté.