Achat local pour contrer les tarifs: la maison presque 100% canadienne ne relève plus du rêve

Les tarifs douaniers proposés par le président Donald Trump chambouleraient le milieu de la construction au Québec... mais pourraient s’avérer un mal pour un bien dans une industrie où l’achat local n’est pas une priorité. 

«Ça ne me tente pas de remercier Trump, mais quelque part, il nous envoie vraiment une gifle, un wake up call pour notre industrie»: le président-directeur général de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT) et du programme Bien fait ici, Richard Darveau, plaide pour une meilleure identification des produits d’ici.

«Ce qui est ironique, c’est qu’on est la seule industrie où on peut trouver des alternatives à presque tout ce qui se fait en Chine et aux États-Unis, précise-t-il. En épicerie, vous ne trouverez jamais une banane québécoise, mais nous, on a absolument tout, sauf les outils électriques.»

La liste de produits touchés par les tarifs qui pourraient entrer en vigueur au mois de mars est longue: portes et fenêtres, équipement de construction, articles de quincaillerie, bois d’œuvre, contreplaqué, textile, lavabos, douches, baignoires, outils.

Un programme qui a besoin d’amour 

Bien qu’il s’agisse d’un organisme à but non lucratif sous charte fédérale, Bien fait ici n’a pas reçu le soutien espéré depuis son lancement en 2018. À la lumière du cri de ralliement lancé par Justin Trudeau pour encourager les produits fabriqués au Canada, Richard Darveau a écrit une lettre au premier ministre afin de demander un investissement de 3 M$ dans le programme.

«L’étiquette Bien fait ici s’assure d’abord que c’est réellement fabriqué au pays, dans une usine d’ici, explique-t-il. Le deuxième élément, c’est qu’un produit peut être canadien, sans être conforme au Code de construction et à la santé. Les produits sont accrédités Bien fait ici parce qu’on a une preuve que c’est réellement fait ici et que ça satisfait les codes de construction.»

Quelque 13 000 produits ont déjà été accrédités en vertu de ce programme, mais son logo est presque introuvable dans la majorité des quincailleries québécoises. Un effort de sensibilisation doit ainsi être mis en place pour que les employés de ces commerces soient en mesure d’aiguiller les consommateurs sur la provenance des produits.

«Dans votre quincaillerie locale, il y a à peu près un tiers de produits américains, un tiers de produits canadiens et un tiers de produits asiatiques, estime M. Darveau. Mais même si le consommateur a la meilleure volonté, il y a de fortes chances que les conseillers-vendeurs ne puissent pas l’éclairer, puisqu’on a négligé de les former quant à l’origine des produits.»

Solidarité 

L’équipe de Bien fait ici a d’ailleurs fait l’exercice de dresser une liste de tous les matériaux et accessoires nécessaires pour construire une maison au Canada. Dans cette longue énumération, seuls les outils (électriques, pneumatiques, motorisés et ceux pour la soudure), les batteries, les chargeurs et le marbre ne figurent pas parmi les produits accrédités.

Certes, la construction d’une maison presque 100% canadienne requerrait un plus gros budget et un peu plus de patience afin de trouver tous les matériaux et outils nécessaires. À long terme, M. Darveau est toutefois convaincu qu’il s’agira d’une possibilité abordable si les consommateurs priorisent l’achat local dès aujourd’hui.

«Il faut essayer de se construire une infrastructure manufacturière qui est plus forte et solidaire, conclut-il. Quantitativement, si les Québécois et Canadiens sont plus solidaires avec leurs créateurs de produits, les prix vont baisser parce qu’il y aura plus de volume.»

Des produits certifiés par Bien fait ici

• Aspirateur central Venmar (Fabriqué à Drummondville)

• Colle blanche Durapro (Fabriquée à Dorval)

• Fournaise à bois Drolet (Fabriquée à Saint-Augustin-de-Desmaures)