Silence de mort chez les actionnaires du Panier Bleu
Aucun investisseur du site dont la mort a été annoncée mardi par Pierre Fitzgibbon ne sait quoi dire
Julien McEvoy
Le Panier Bleu est sur le respirateur artificiel depuis l’annonce de sa mort imminente par Québec mardi. Les actionnaires de l’entreprise – Investissement Québec, Desjardins et le Fonds FTQ – gardent un silence assourdissant et refusent de dévoiler la suite.
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«Nous prendrons une décision [sur notre avenir] dans les prochaines semaines», s’est contenté de déclarer Le Panier Bleu via une agence, mardi, au sujet de la bombe lâchée par Pierre Fitzgibbon.
Le ministre de l’Économie venait de déclarer la mort du Panier Bleu en direct à la radio nationale. Le site transactionnel est «rendu au bout» et une décision sur son avenir «sera prise au cours des prochains jours», a-t-il dit.
Tout le Québec a compris que les carottes sont cuites et que les 25 employés de l’entreprise doivent penser à leur avenir. Pas moyen de savoir, d’ailleurs, s’ils ont été avertis de leur sort, car les dirigeants du Panier Bleu se cachent.
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Investissement Québec, qui a payé 12 M$ pour moins de 30% du site transactionnel en septembre 2022, n’a même pas répondu au Journal mardi.
Au ministère de l’Économie, on nous répond que les discussions avec les dirigeants du Panier Bleu sont confidentielles. Le sort des 25 employés ne relève pas de l’État, dit-on.
Pour Desjardins, qui a mis 4 M$ dans le Panier Bleu en 2022, il est «prématuré» de commenter la situation. Au Fonds de la FTQ, qui a mis 5 M$, on nous sert le même refrain qu’ailleurs.
Ah, Amazon, comme tu es belle
Souvent moqué, rarement utilisé, le Panier Bleu devait être l’endroit où toutes les PME du Québec vendent leurs produits en ligne sans passer par Amazon.
Le projet a été présenté comme tel par Pierre Fitzgibbon lui-même en avril 2020. Quatre millions de dollars de subventions plus tard, l’échec était cuisant et le site a été «privatisé», même si l’ombre du ministre pèse encore dans la balance.
Le joueur étoile de François Legault est allé jusqu’à dire, mardi, qu’Amazon est une «très bonne plateforme où beaucoup de compagnies québécoises veulent être».
L’ironie de ces louanges envers le no1 mondial du commerce en ligne n’a pas échappé au porte-parole économique des libéraux à Québec.
«C’était déjà une bonne plateforme en 2020. Ils garrochent de l’argent par les fenêtres dans des patentes qu’ils savent très bien qu’ils ne seront pas capables de gérer», s’est fendu Frédéric Beauchemin, en entrevue au Journal, au sujet du Panier Bleu.
Il s’agit du même Pierre Fitzgibbon, ajoute le libéral, qui, quelques mois à peine après la naissance du Panier Bleu, multipliait déjà les efforts pour rapprocher les PME québécoises d’Amazon.
Besoin d’argent
Le commentaire assassin du ministre, mardi, est arrivé quelques heures après l’annonce du partenariat entre Les Produits du Québec et Amazon.
L’OBNL de certification «fabriqué au Québec» permet ainsi à ses adhérents de rayonner chez le plus important détaillant en ligne du monde grâce à son logo distinctif qui est maintenant visible sur le site. Les Produits du Québec ont même une page juste à eux.
La question lors de l’annonce du partenariat, lundi, était de savoir s’il s’agit d’un aveu de faiblesse du Panier Bleu. Sans le dire, Pierre Fitzgibbon a répondu oui mardi matin.
La suite s’annonce difficile. Toutes nos sources confirment que le Panier Bleu a déjà brûlé son 22 M$ de septembre 2022 et aura besoin de nouvelles liquidités pour survivre.
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