Achat d’Innergex par la Caisse: l’AMF a fait des vérifications
Les volumes de transactions boursières ont grimpé dans les jours précédant l’annonce de l’entente


Sylvain Larocque
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a effectué des vérifications sur les transactions boursières effectuées avant l’annonce de la vente d’Innergex à la Caisse de dépôt pour 10 milliards $, a appris Le Journal.
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Une source bien au fait du dossier a indiqué que de telles vérifications sont courantes lorsqu’un événement de marché suscite d’importants volumes de transactions.
Dans les jours précédant l’annonce de l’accord conclu entre la Caisse et Innergex, le 25 février, le nombre de transactions a augmenté sur le titre de l’entreprise longueuilloise, lequel est coté à la Bourse de Toronto.
Ce qui vient brouiller les cartes, toutefois, c’est qu’Innergex a présenté ses résultats trimestriels le 20 février. Ceux-ci étaient meilleurs qu’attendu, ce qui a contribué à faire bondir l’action de l’entreprise de plus de 16% en deux jours.
Difficile à prouver
Le délit d’initié «est l’un des crimes les plus difficiles à prouver», rappelle Claude Mathieu, professeur à l’Université de Sherbrooke et spécialiste de la criminalité financière.

«Il faut prouver que la personne avait de l’information privilégiée, explique-t-il. Ensuite, il faut prouver que sur la base de cette information-là, la personne a transigé avant que l’information ne devienne publique.»
Notons qu’aucun haut dirigeant ou administrateur d’Innergex n’a effectué de transactions sur le titre de l’entreprise en 2025, selon le registre officiel SEDI. Le dernier achat d’actions par un initié remonte à juin 2024. Il a été effectué par Patrick Loulou, qui représente Hydro-Québec au conseil d’administration d’Innergex (la société d’État détient près de 20% de l’entreprise).
«Nous comprenons qu’il est coutumier pour l’AMF d’effectuer des vérifications lors d’une transaction de la nature de celle impliquant notre société et la Caisse», a déclaré au Journal Karine Vachon, une porte-parole.
«Innergex, ses dirigeants et ses administrateurs se conforment aux lois et règles applicables dans le cours des activités de l’entreprise, incluant son code de conduite et sa politique relative aux transactions par les initiés», a-t-elle ajouté.
Dans le plus récent cas médiatisé de délit d’initié présumé, lequel concernait l’entreprise québécoise Colabor, les accusés ont obtenu l’arrêt des procédures en 2023 en raison de «délais déraisonnables».
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