Accusés d’agression sexuelle de groupe: d’ex-joueurs de football en procès... 12 ans plus tard

Trois ex-joueurs de football collégial subissent présentement un procès pour une affaire d’agression sexuelle de groupe où le consentement sera à nouveau scruté à la loupe, les deux parties présentant des versions complètement différentes l’une de l’autre.

«Elle [la victime alléguée] était participative, c’était actif. L’ambiance était bonne, tout était chill», a lancé Kevin Myrthil Estimé, qui témoignait pour sa défense, jeudi au palais de justice de Montréal.

Sa version est très loin de celle de la plaignante dans cette affaire. Plus tôt au procès, elle avait raconté comment elle aurait été agressée sexuellement par les trois sportifs chez elle, il y a 12 ans. Elle a affirmé avoir été entourée par les hommes, avant de lancer un «non non, je veux pas». Elle aurait même tenté de pousser l’un d’eux.

Sur ordre de la cour, il est interdit d’identifier la victime alléguée, qui a porté plainte des années plus tard.

Réunion de football

À l’époque, Myrthil Estimé, 33 ans, évoluait dans le football universitaire à Halifax. Il avait joué au niveau collégial à Montréal. De passage dans la métropole, il a voulu revoir ses amis footballeurs, Tresor Buama-Mafuta et Georges Jean-Louis.

Le trio s’est réuni chez la plaignante, et c’est à partir de là que les versions divergent, ce qui n’est pas sans rappeler le procès des cinq anciens joueurs d’Équipe Canada junior, acquittés le mois dernier pour agression sexuelle au terme d'une soirée arrosée en 2018, à London. Ils avaient aussi plaidé que la plaignante était consentante, une version qu'une juge ontarienne a cru. 

Dans le cas présent, la plaignante avait témoigné que tout a dégénéré en viol collectif, malgré son refus très clair. À un moment, un des accusés aurait «coulé de l’alcool» dans sa bouche.

Myrthil Estimé a toutefois juré devant le tribunal que c’était «complètement faux».

Questionné par son avocat, M^e Ouissam Akhrif, il a plutôt décrit une scène où la jeune femme était «participative», arguant que ce serait même elle qui aurait entrepris certains actes sexuels.

Et si la victime s’est mise à pleurer, Myrthil Estimé explique qu’il s’agit d’un malentendu: deux des accusés se seraient moqués des difficultés érectiles de leur ami, mais la plaignante pensait que c’était elle qui était visée.

Contre-interrogé par le procureur d’expérience M^e Jérôme Laflamme, Estimé a toutefois convenu qu’il n’avait rien demandé avant de se joindre aux actes sexuels. Celui-ci a été condamné en 2020 à plus de trois ans de prison pour avoir amené une mineure à se prostituer à Toronto.

Deux versions, un verdict

Le procès est prévu pour durer encore quelques jours. La juge Nadia Bérubé devra ensuite déterminer si elle croit la version des accusés. Par la suite, elle pourra évaluer le témoignage de la plaignante.

C’est seulement si la version des accusés est complètement rejetée et que celle de la plaignante est convaincante «hors de tout doute raisonnable» que le trio pourrait être reconnu coupable.