Accusé au criminel et mensonges sur son expérience: cet avocat en début de carrière radié d’urgence

Un avocat en droit immobilier en début de carrière a récemment été radié d’urgence en raison de graves accusations criminelles et parce qu’il aurait faussement prétendu travailler pour une firme de juristes chevronnés.

«Ces manquements sont nombreux, graves, sérieux et se situent au cœur de l’exercice de la profession d’avocat», écrit le Conseil de discipline du Barreau du Québec au sujet d’Arsen Arutyunyan.

Le Montréalais a fait l’objet en mars dernier d’une plainte du syndic comptant un total de 27 infractions.

En tête de liste: il n’aurait guère avisé son ordre professionnel qu’il faisait face à des accusations criminelles de menaces avec une arme à feu et de harcèlement, notamment.

Les crimes auraient été commis en août 2022, à l’endroit de trois victimes, un mois après son inscription au Barreau.

À cela s’ajoute «une succession de supercheries, de ruses et de tromperies, non seulement à l’endroit du public, de ses clients, mais également à l’endroit des tribunaux ainsi que du Barreau», mentionne le syndic.

Plaider à Playa del Carmen

En effet, Arsen Arutyunyan aurait eu un modus operandi pour faire de la «publicité mensongère».

Sur le site www.hathawaylegal.com, Arutyunyan aurait laissé croire qu’il faisait partie d’une équipe d’avocats expérimentés, alors qu’en réalité, il «compte à peine un peu plus de deux années d’expérience et pratique en solo».

Toujours selon le syndic, Arutyunyan a également mis en place un scénario où un site de référencement lui appartenant redirigeait la clientèle vers son propre cabinet.

Tout ça en se targuant d’un mirobolant taux de succès dans ses dossiers de plus de 95%.

Or, à l’ouverture de procès au Tribunal administratif du logement, Arsen Arutyunyan se présentait par visioconférence, sans même prévenir les personnes qu’il défendait, qui s’étaient elles déplacées à la cour.

«Et non seulement l’intimé est en visioconférence, mais il est de surcroît à Playa del Carmen, au Mexique, alors qu’il affirme au tribunal devoir être “en déplacement à Toronto” au moment des audiences prévues», relate le syndic dans sa plainte.

À au moins trois reprises, l’homme de 35 ans ne serait carrément pas présenté à ses audiences, au grand dam de son client, «totalement démuni et forcé de procéder en son absence», explique-t-on.

Dans de telles circonstances, Arutyunyan se justifiait par de supposés accidents de voiture, des hospitalisations ou des problèmes de santé.

Sans rendre de quelconque service professionnel, le Montréalais aurait aussi empoché plus de 9200$ provenant de quatre clients.

L’argent n’aurait jamais été déposé dans un compte fidéicommis, où les avocats encaissent leurs honoraires. Certaines personnes ont néanmoins pu être remboursées par Arsen Arutyunyan.

Mesure de protection

Devant la gravité de ces allégations, le Conseil de discipline a accepté de le radier provisoirement.

Il n’a «aucune hésitation à conclure que la protection du public risque d’être compromise dans l’immédiat si l’intimé continue à exercer la profession d’avocat».

Arsen Arutyunyan, qui vivrait maintenant à temps plein au Mexique, a déjà signifié qu’il renonçait à son droit d’exercice, indique la décision.

Sur LinkedIn, il affirmait jusqu'à tout récemment encore pouvoir pratiquer.

«Je suis hautement compétent, très expérimenté et dévoué», pouvait-on lire sur son profil.