France: démission du directeur de Sciences Po, accusé de violences conjugales

Agence France Presse
Le directeur de la prestigieuse école française d'enseignement supérieur Sciences Po, Mathias Vicherat, a annoncé mercredi sa démission après avoir appris son renvoi devant la justice pour violences conjugales, des faits qu'il conteste.
Sciences Po Paris est considérée comme une des pépinières de l'élite française. Un grand nombre d'anciens élèves ont fait carrière dans la politique, la haute fonction publique, les médias ou les grandes entreprises, en France et à l'étranger.
«J'ai appris que mon ex-compagne et moi-même étions renvoyés devant le tribunal correctionnel», a écrit Mathias Vicherat dans un message envoyé à la communauté éducative de Sciences Po et confirmé à l'AFP par la direction de l'établissement.
«C'est moins ma personne que l'institution qui m'importe, c'est pourquoi j'ai décidé, afin de la préserver, de démissionner de mes fonctions de directeur de l'Institut d'études politiques de Paris et d'administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques», a-t-il ajouté.
En accord avec la ministre de l'Enseignement supérieur, «une administration provisoire sera nommée dans les prochains jours (...) jusqu'à la nomination d'une prochaine direction», a précisé à l'AFP la direction de Sciences Po Paris.
Mathias Vicherat et sa compagne Anissa Bonnefont s'accusent réciproquement de violences conjugales et avaient été placés en garde à vue début décembre avant d'être remis en liberté.
Dans son message interne, M. Vicherat indique contester «toujours les accusations de violences qui ont été formulées et diffusées à (son) égard» et estime que «la justice permettra d'établir la réalité des faits».
Les 6 et 7 décembre, des étudiants de Sciences Po Paris avaient occupé le bâtiment historique de cet établissement d'enseignement supérieur, pour demander la démission de leur directeur.
Selon un communiqué des étudiants, son maintien à la tête de l'établissement était «une insulte à toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles».
Sciences Po Paris accueille quelque 15 000 étudiants, dont la moitié d'étudiants internationaux et 25 % de boursiers.
Sciences Po Paris cumule déboires et scandales autour de ses dirigeants depuis une dizaine d'années sans que son prestige académique n'en soit pour l'heure entaché.
Mathias Vicherat avait succédé en novembre 2021 à Frédéric Mion, contraint de démissionner pour avoir dissimulé des soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel. M. Duhamel était alors le président de la fondation nationale des Sciences politiques (FNSP) qui exerce la tutelle sur Sciences Po Paris.