Accusations de fraude: l'animateur Mario Lirette en prison

Valérie Gonthier | Journal de Montréal
Après avoir étiré les procédures judiciaires pendant plus de quatre ans, l’animateur de radio Mario Lirette a finalement admis avoir pris part à une fraude de près de 1M$ et a aussitôt pris le chemin de la prison.
« J’ai un message pour mes petits-enfants : Grand-papa ne sera pas là pour Noël. Je suis retenu avec les lutins privés de sortie », a lancé l’accusé de 71 ans juste avant d’entrer dans la salle d’audience.
Et c’est à bord d’un fourgon cellulaire qu’il a quitté le palais de justice de Longueuil, après avoir été condamné à deux ans de prison. Il a plaidé coupable à quatre chefs d’accusation de fraude envers trois institutions financières ainsi qu’un individu.
L’ancien animateur des Weekends à Mario à Rythme FM avait participé dès 2015 à un stratagème frauduleux de type cavalerie de chèques (kitting). Cela consiste à déposer un chèque sans fond et effectuer des retraits, avant que ledit chèque ne soit compensé par la banque.
La valeur totale de la fraude était de 913 952$. Lirette n’a pas personnellement bénéficié de tous ces dollars, plusieurs chèques déposés ont été refusés. Mais les institutions bancaires y ont perdu plus de 220 000$.
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Lirette a sévi pendant près d’un an et demi, avec un complice, Joël Verreault. Les deux hommes ont été accusés en juin 2018.
Verreault avait réglé ses comptes avec la justice plus rapidement, soit en septembre 2019. Il avait affirmé avoir un problème de jeu, soutenant alors au passage qu’il considérait M. Lirette comme « un des plus gros gamblers au Québec ».
M. Lirette avait à ce moment plus d’une fois profité de son statut de personnalité publique pour arriver à ses fins. Il a même laissé son complice Verreault utiliser le nom de son fils, Philippe Lirette, lui aussi animateur de radio.
Avant de lui octroyer un prêt privé de 66 650$, Mickael Ferundun Satilmis avait tout de même hésité. Mais Mario Lirette lui avait fait la preuve de ses vastes revenus comme animateur de la radio, se vantant d’avoir signé un contrat de 1,5M$ sur cinq ans avec Cogeco, ce qui lui rapportait 25 000$ par mois.

Convaincu de la crédibilité de Mario Lirette, M. Satilmis lui a donc fait confiance. Mais l’accusé ne l’a jamais remboursé. En garantie du montant prêté, la victime avait reçu des chèques, qui étaient, finalement sans fond.
« J’ai eu confiance en lui parce qu’il me disait qu’il était une figure publique de la radio. Je n’ai pas eu de doute, je l’entendais à la radio tous les vendredis. Il me disait, ‘’je ne vais pas détruire mon nom pour votre argent’’. Je l’ai cru », a témoigné en cour Michael Ferudun Satilmis.
Ce dernier a dit ne plus pouvoir maintenant faire confiance à personne.
« Pas même à un docteur. Ce que je lui ai donné, il s’agissait de mes économies, pour lesquels j’avais travaillé toute ma vie », a-t-il déploré.
« J’ai tout perdu. Tout le monde autour de moi a quitté parce que j’ai fait confiance à une personnalité publique », a-t-il ajouté, la voix faible.
En plaidant coupable hier, celui qui se fait appeler le « chat rebelle » a renoncé à son procès, qui devait avoir lieu le mois prochain.
Le juge Serge Delisle l’a aussi condamné à rembourser 33 325$ à la victime. Et s’il omet de le faire, il s’expose à 15 mois de prison, a averti le procureur de la Couronne, Me Simon Lacoste.
Joël Verreault avait aussi écopé en 2019 d’une peine de 2 ans.