Accompagner un proche atteint du cancer: des gestes qui font la différence
Anaïs Guertin-Lacroix et Équipe Salut Bonjour
Le mois de sensibilisation au cancer de la prostate est l’occasion de parler d’un sujet qui nous touche tous: comment soutenir un proche qui traverse l’épreuve de la maladie? Chaque jour, des centaines de familles sont confrontées à cette réalité. Et pourtant, il n’existe pas de manuel parfait. Mais il y a des gestes simples qui peuvent faire toute la différence.
Accepter qu’il n’y ait pas toujours de mots
Quand le diagnostic tombe, l’entourage se pose toujours les mêmes questions: On dit quoi? On fait quoi? Parfois, il faut accepter qu’il n’y ait rien à dire. Le silence peut être aussi précieux que les mots. Ce que la personne malade attend avant tout, c’est de sentir qu’elle n’est pas seule.
Ne rien prendre personnel
Le cancer est tout sauf un long fleuve tranquille. Il y aura des hauts et des bas. Parfois, la personne malade n’aura pas envie de parler, sera fâchée ou voudra être seule. Ce n’est pas contre vous. Elle a besoin d’espace pour digérer la nouvelle. Et comme proche aidant, il arrive aussi qu’on s’éloigne de nos amis. Ce n’est pas un rejet, mais une façon de préserver ses forces.
Exemple concret: L’attente des résultats est interminable. Pendant cette période, on a peur, mais devant notre famille et nos enfants, on doit sourire et faire semblant que tout va bien. Côtoyer des amis pendant cette période peut-être difficile. On a peur de s’effondrer. Un jour, il faut leur expliquer... et ces personnes veulent seulement nous aider.
Quand on ne sait pas quoi dire...
Il n’y a pas de phrase magique. Le plus important, c’est de témoigner votre amour et votre présence. Plutôt que de demander «qu’est-ce que je peux faire?», proposez des gestes concrets :
- «Je vais à l’épicerie, veux-tu quelque chose?»
- «Puis-je garder tes enfants ce week-end?»
Vous pouvez aussi offrir des plats préparés (sauce à spaghetti, pâté chinois, etc.). Ces petites attentions sont inestimables.
Et si vous ne savez pas quoi dire? C’est correct! Parfois, la personne ne veut pas parler, mais elle ne refusera pas votre présence. Souvent, être assis calmement à deux suffit. C’est votre présence qui compte.
Être à l’écoute, vraiment
Commencez par: «comment te sens-tu?» plutôt que «comment vas-tu?». Ne minimisez pas ses craintes. Évitez les phrases comme «ça va aller» ou «essaie d’être positif». Elles peuvent pousser la personne à taire ses émotions. Laissez-la exprimer sa tristesse, même si ça vous déstabilise.
Et surtout, laissez les conseils médicaux aux professionnels. À moins qu’on vous demande votre avis, ne donnez pas de conseils non sollicités.
Gérer la communication sans épuiser la personne
Après une journée à l’hôpital, la personne n’a pas envie de répondre à des dizaines d’appels. Chez nous, on avait statué que les appels passaient par moi. On avait aussi créé un groupe Facebook pour donner des nouvelles. Je pouvais écrire: «JP est en forme aujourd’hui, si vous le contactez, c’est une bonne journée.» Pour vrai, cette page a été un outil précieux.
Demander de l’aide, ce n’est pas une faiblesse
Assumer ce rôle entraîne une forte charge émotionnelle: stress, anxiété, fatigue et parfois dépression. Ces difficultés viennent du choc du diagnostic, des inquiétudes financières, de l’incertitude sur l’avenir. Il est difficile de concilier aide, vie personnelle et travail. Les répercussions peuvent être psychologiques et physiques: troubles du sommeil, épuisement, désorganisation.
Il faut apprendre à déléguer et accepter l’aide de notre entourage. Il existe aussi des ressources: CLSC, organismes, et pour le soutien psychologique, L’Appui pour les proches aidants.
Et malgré tout...
Accompagner un proche atteint du cancer change une vie. Il y a un avant et un après. On découvre la force de l’amour, la valeur du temps et l’importance des gestes simples. Parce qu’au fond, ce qui compte le plus, c’est d’être là.