Accident sans casque à vélo près du Canal-de-Chambly: «Il ne faut pas prendre ceux qu’on aime pour acquis»
L’homme de 68 ans aurait fait une chute inexpliquée et se serait cogné la tête avant de tomber à l’eau


Jonathan Tremblay
Une septuagénaire qui a perdu son époux lors d’une tragique balade à vélo en Montérégie implore les cyclistes de porter un casque de protection, en insistant pour nous rappeler de ne jamais tenir nos proches pour acquis.
«S’il avait porté un casque, il aurait eu plus de chance de s’en sauver», souffle Diane Gagnon, 74 ans, deux semaines après le décès de son mari, François Hérard.
«Il ne se serait pas ouvert le crâne. J’en suis certaine, poursuit-elle. Il ne voulait pas porter son casque. Il voulait sa casquette.»

La veuve tient à sensibiliser tous les cyclistes à se protéger.
«Portez votre casque en tout temps!» supplie-t-elle, assise dans sa cour, à Brossard, où toujours fragile, elle a accueilli Le Journal, afin de raconter son cauchemar du 24 août dernier.
Ce jour-là, son amoureux des trois dernières décennies et elle se baladent aux abords du Canal-de-Chambly. Mme Gagnon désirait observer les paysages.
Or, une fois en piste, elle craint l’étroit sentier, qui d’un côté, se remémore-t-elle, donne sur l’eau, et de l’autre, sur un fossé gigantesque d’une vingtaine de pieds.
De l’autre côté
La dame trouve sa promenade si «dangereuse» qu’elle traverse du côté de la rive qu’elle considère comme étant plus sécuritaire pour le chemin du retour.
Son époux, un colosse de 6 pieds et 3 pouces de 68 ans, casse-cou à ses heures, demeure plutôt sur la piste cyclable.
«On s’envoyait la main. Il allait vite, par exemple. J’avais du mal à le suivre avec mon vélo électrique», se rappelle Mme Gagnon.
Soudain, la septuagénaire le perd de vue durant une fraction de seconde, voilée par un tracteur. Puis, elle aperçoit un objet bleu flotter à la surface du canal.
«Ça m’a pris un temps réaliser que c’était lui, confie-t-elle, dévastée. J’ai vu sa tête ensanglantée. Je l’entendais se plaindre.»
De peine et de misère, le cycliste lourdement blessé réussit à se rapprocher de la rive. Assez près pour que des cyclistes l’extirpent de l’eau.
«Je ne sais pas par quelle force il a fait ça», se questionne la veuve qui, impuissante, doit observer la scène au loin.
Un triste cliché
Croyant à tort que l’adepte de pêche et de bateau est sain et sauf sur la berge, Diane Gagnon capte une image de ce désormais douloureux moment.
«Je me disais: “Il est correct... je vais pouvoir lui montrer ça” », raconte-t-elle.

Toutefois, elle comprend vite que l’heure est grave, lorsque des secouristes effectuent des manœuvres cardiaques durant de longues minutes. On lui confirme le décès à l’hôpital seulement.
«Il serait mort à cause d’une fracture au crâne. Il doit s’être cogné sur une roche» affirme Mme Gagnon, qui se console de savoir que sa tendre moitié n’a pas souffert trop longtemps.
Malgré cela, elle s’attriste de ne pas savoir ce qui a provoqué sa chute.
«On ne le saura jamais. Il s’est peut-être retourné pour voir où j’étais, et il a perdu l’équilibre, avance-t-elle. Aucun témoin ne s’est manifesté.»
Piste sécuritaire?
Chose certaine, leur fille, Alexandra Hérard Gheorghe, 29 ans, considère le lieu de l’accident non sécuritaire à la circulation.
«C’est très à pic. Et la piste n’est pas assez large», affirme celle qui est aux petits soins de sa mère.

Elles qualifient le retraité d’Hydro-Québec de personne «sociable» qui parlait à tout le monde.
«Il aimait les animaux, son vin, ses cornichons et ses olives. Tous les jours», ajoute Mme Gagnon, en souriant, le regard rivé au sol.
«S’il y a une chose à retenir, c’est qu’il ne faut pas prendre ceux qu’on aime pour acquis», conclut la veuve, les larmes aux yeux.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.