Accident mortel à Trois-Rivières: «Une scène traumatisante», selon les bons samaritains qui ont aidé la jeune camionneuse et sa passagère
L’accident, survenu sur l’autoroute 40, a coûté la vie à une adolescente de 15 ans

Erika Aubin
Au lendemain d’un terrible accident mortel impliquant un poids lourd, des témoins ayant porté secours à la jeune camionneuse et à sa passagère de 15 ans sont encore secoués par la scène d’horreur qui s’est jouée devant leurs yeux sur l’autoroute 40, près de Trois-Rivières.
«Les images reviennent sans cesse dans ma tête de ce que j’ai vu. C’était une scène traumatisante», a laissé tomber Valeska Pittikwi au bout du fil.
Jeudi après-midi, elle se rendait à Montréal avec sa sœur et son beau-frère quand elle a aperçu un poids lourd complètement renversé et un énorme panache de fumée. La collision venait tout juste de se produire, sur l’autoroute 40.

Ralentissement soudain
Selon les autorités, le camion aurait violemment embouti deux véhicules lors d’un ralentissement soudain de la circulation. L’imposant poids lourd a ensuite fait des tonneaux, avant de terminer sa course dans le terre-plein central.
Claude Niquay, beau-frère de Mme Pittikwi, s’est immédiatement arrêté sur l’accotement de l’autoroute. Sans hésitation, la famille est allée porter secours aux victimes.
En ligne avec le 911, Valeska Pittikwi a vu la camionneuse, âgée de 20 ans, s’extirper par le côté passager de son véhicule. La tête de la jeune femme était couverte de sang, s’est-elle remémorée.
«Elle avait l’air toute perdue, seule. Elle était vraiment en état de choc. Elle criait et disait qu’elle avait tué sa sœur, que c’était sa faute», a raconté Mme Pittikwi.
La sœur de la camionneuse, qui l’accompagnait à bord de la cabine, aurait été partiellement éjectée lors de l’accident. Océanne Gagnon, 15 ans, est décédée sur le coup. Les témoins ont recouvert le corps d’une bâche en plastique pour éviter que des passants prennent des images de la scène d’horreur.

«J’avais une boule dans la gorge, mais on essayait de rester solide pour aider la conductrice. On a voulu être solidaire entre femmes en essayant de la calmer, de la rassurer. On la surveillait aussi pour pas qu’elle se mette en danger sur l’autoroute», a précisé Valeska Pittikwi.
Garder son sang-froid
Pendant ce temps, Claude Niquay, qui a été policier dans la communauté de Wemotaci, a géré la circulation avec d’autres témoins. Jamais dans sa carrière il n’a été confronté à un accident de cette ampleur.
«Il y avait un engorgement. On a dû faire de la place pour que les secours puissent avoir accès à la scène. J’ai dû garder mon sang-froid pour ne pas paniquer», a-t-il dit.
La famille est restée jusqu’à l’arrivée des secours. Les gens à bord des deux autres voitures impliquées n’ont pas subi de blessures graves. «C’est vraiment un miracle», a lancé Claude Niquay.
Quant à la conductrice du poids lourd, elle a été blessée, mais sa vie est maintenant hors de danger. La Sûreté du Québec mène une enquête pour comprendre les circonstances de l’accident.
L’enjeu sera de déterminer pourquoi la conductrice n’a pas pu éviter la collision, selon Pierre Bellemare, ex-reconstitutionniste à la SQ. L’expert rappelle qu’un camion-remorque en bonne condition a une capacité de freinage 55% moins efficace qu’une automobile. «Ça ne vire pas sur un 10 cennes et ça ne freine pas sur un 10 cennes», a-t-il ajouté.
Les autorités cherchent aussi à vérifier si l’adolescente décédée portait sa ceinture de sécurité.
Au lendemain du drame, les deux témoins restent fortement ébranlés par leur intervention. «De retour à la maison, j’ai accueilli mes émotions pour me libérer de tout ça. J’ai eu de la difficulté à m’endormir. Je pense aussi beaucoup à la famille [des victimes], c’est un dur moment pour eux. Je suis très empathique à ce qu’ils vivent», a confié Valeska Pittikwi.
– Avec Laurent Lavoie