Accès difficile à l’aide juridique en région: opération séduction pour attirer les avocats en Gaspésie
Le Barreau de Québec offrira notamment une bourse pour la relève qui voudrait y faire sa pratique


Catherine Bouchard
L’accès à l’aide juridique est difficile dans plusieurs régions du Québec, particulièrement au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, où les efforts sont multipliés cet automne pour attirer la relève et garder les avocats qui choisissent d’y faire leur pratique.
Malgré une augmentation de 20% du nombre d’avocats pour la région, entre 2019 et aujourd’hui, un manque reste encore à combler selon Me Alexis Deschênes, bâtonnier du Barreau du Québec pour la région Bas-Saint-Laurent–Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.
En 2019, ce territoire comptait près de 260 avocats, contre 320 aujourd'hui.
«Il y a de la relève, des gens qui arrivent, indique Me Deschênes. Mais ce dont on s’aperçoit, c’est que les besoins augmentent plus vite que le nombre d’avocats capables d’y répondre».
En moyenne au Québec, 45% des demandes d’aide juridique sont prises par des avocats permanents de l’aide juridique et 55% par des avocats du privé.
«En Gaspésie, c’est environ 60% assumé par les avocats permanents et 40% par des avocats au privé. D’habitude, les privés en prennent plus que les permanents», souligne l’avocat.
Cela peut se traduire par des délais d’attente et une défense sans avocat. Le bâtonnier l’a récemment constaté, alors qu’une ancienne cliente s’est défendue seule.
«Un jugement a été rendu contre elle. J’ai réalisé qu’elle en aurait grandement bénéficié si j’avais pu l’aider. On aurait pu faire valoir certaines choses et elle s’en serait mieux sortie», se désole l’avocat.
La grande séduction
Avec le soutien du Barreau, les efforts sont multipliés pour attirer les avocats en Gaspésie, notamment à l'aide de capsules diffusées sur le site du Barreau.
«J’ai également participé à un documentaire qui a été fait par une étudiante du Barreau portant sur la pratique en région», lance Me Deschênes.
En compagnie de bâtonniers d’autres régions, Me Deschênes fera aussi une campagne de séduction «transparente» auprès de la relève, au cours d’une journée carrière qui se tiendra le 15 novembre.
Le Barreau du Québec fera aussi la promotion de la pratique en région en plus d’offrir une bourse dans les prochains mois.
«Ça reste à déterminer, mais on aura un incitatif financier pour les avocats qui veulent venir pratiquer en région», avance le bâtonnier.
«La pratique en région, j’adore ça. Je trouve ça intellectuellement très stimulant, observe Me Deschênes. C’est différent d’un grand cabinet, nous sommes un moins grand nombre d’avocats, on se connaît très bien. Ça permet des échanges très francs».
Du côté de la Commission des services juridiques, on indique que le nombre d’avocats permanents d’aide juridique en région semble suffisant. Mais que l’attraction en région est difficile.
«Lorsqu’il y a des postes vacants, le temps de procéder au remplacement peut ralentir la prise en charge des dossiers. L’aide juridique offre des emplois avec de bonnes conditions de travail, mais il est parfois complexe de les combler», souligne la vice-présidence, Me Nadine Koussa.
Elle souligne qu’aucune demande n’est refusée, mais que les tentatives d’obtenir l’aide juridique peuvent entraîner des délais.
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