Abus sexuels: 12 ans de prison pour le responsable d’une agence de mannequins
Le juge n’a pas réduit sa peine même s’il est atteint d’un cancer incurable


Camille Payant
Un responsable d’une agence de mannequins qui a abusé de 14 jeunes victimes, dont des adolescentes, n’a pas réussi à obtenir la clémence du juge en invoquant son cancer incurable et a écopé de 12 ans de prison.
«L’exploitation des vulnérabilités des victimes, l’utilisation du rêve d’avoir une carrière de mannequin ainsi que les autres tactiques employées par le délinquant pour arriver à ses fins, à savoir sa propre gratification sexuelle purement égoïste, sont tout simplement odieuses», a souligné le juge Alexandre Dalmau mardi après-midi au palais de justice de Montréal.
Jean-Sébastien Béland, 52 ans, a entendu le magistrat prononcer sa sentence depuis un lit d’hôpital. Il sera remis aux autorités carcérales dès son congé du centre hospitalier.
Le responsable d’une agence de mannequins, qui avait fait preuve d’une «prédation particulièrement machiavélique» pour faire 14 victimes entre 2006 et 2019, espérait s’en sortir avec seulement un an de prison puisqu’il est atteint d’un cancer de la prostate incurable.

Il n’est toutefois pas en phase terminale et il n’a pas été possible d’établir avec certitude son espérance de vie actuelle.
Le juge Dalmau a donc tranché que «les objectifs de dénonciation et de dissuasion générale doivent primer».
Le système correctionnel prévoit des mesures d’assouplissement ou même de libération pour des motifs humanitaires dans des cas tels que des maladies en phase terminale.
«Il reviendra donc aux autorités compétentes de gérer la peine du délinquant pour [...] lui assurer une fin de vie dans la dignité comme n’importe quel autre citoyen est censé avoir», a souligné le magistrat.
14 victimes
Jean-Sébastien Béland utilisait son rôle dans des agences de mannequinat pour abuser d’adolescentes vulnérables qui souhaitaient faire carrière dans le domaine. Il percevait les victimes «comme de simples objets sexuels».
Béland avait notamment abusé d’une adolescente dès ses 14 ans, et ce, jusqu’à sa majorité.
«Pour certaines victimes, la manipulation exercée par le délinquant est particulièrement insidieuse et ignoble», a souligné le juge Dalmau.
Lors des représentations sur sentence, les victimes ont ressenti «de la honte et du dégoût». Certaines «ont adopté des comportements autodestructeurs tels que l’abus de substances, les relations toxiques, la sexualité à risque et les pensées suicidaires», précise-t-on.
Déjà condamné
Jean-Sébastien Béland avait déjà été condamné en 2010 à 45 jours de prison pour des infractions sexuelles sur des mineures, dont l’une faisait partie de son agence.
Les peines reçues à l’époque n’ont eu aucun effet dissuasif sur lui, a-t-il lui-même admis.
Il lui avait été ordonné de ne pas occuper un emploi le plaçant en situation d’autorité sur des adolescentes de moins de 16 ans. Ce qu’il a pourtant continué de faire pendant plusieurs années.
«Le délinquant s’est lui-même créé l’emploi parfait lui permettant de se placer en position d’autorité sur des adolescentes, a déploré le juge Dalmau. Son bassin de victimes s’est constamment renouvelé pendant plus de 10 ans.»
Dans ce dossier, la Couronne réclamait 15 ans de pénitencier, tandis que la défense demandait entre 7 et 9 ans, si le juge ne prenait pas en compte l’état de santé de l’accusé.
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