Absolution demandée pour une propriétaire de garderie coupable de voies de fait sur des enfants
Geneviève Quessy
Sa cliente étant éduquée et travaillante, l’avocate d’une propriétaire de garderie de L’Assomption trouvée coupable de voies de fait sur quatre enfants dont elle avait la garde demande qu’elle bénéficie d’une absolution conditionnelle.
Un dossier criminel pourrait nuire aux possibilités de sa cliente, Najah Sahli, de se trouver un emploi dans le milieu des institutions financières, vers lequel elle souhaite se réorienter, puisqu’elle a des études dans ce domaine, a plaidé jeudi Me Élizabeth Ménard au palais de justice de Joliette.
Les faits reprochés à Najah Sahli se sont produits entre avril 2019 et juillet 2020. Trois des anciennes employées de sa garderie de L’Assomption sont venues témoigner contre elle lors de son procès. En décembre dernier, le juge Claude Lachapelle l’a trouvée coupable de voies de fait sur quatre enfants.
Les mères des enfants sont venues témoigner des impacts des gestes violents de Najah Sahli sur leurs familles jeudi, devant le juge Lachapelle. Sentiment d’impuissance et de culpabilité, chocs post-traumatiques et dépression ont, entre autres, été mentionnés comme séquelles pour les parents.
«J’ai complètement perdu confiance en d’autres adultes pour s’occuper de mon enfant», a dit l’une des mères.
Les victimes, toutes âgées de moins de 4 ans au moment des faits, continuent à vivre des terreurs nocturnes, des épisodes de régression, de l’anxiété et des problèmes de comportement, ont témoigné leurs mères.
«Je n’en reviens pas de n’avoir pas compris à l’époque pourquoi mon enfant pleurait tellement au moment de partir à la garderie, pourquoi elle s’accrochait aux portes pour ne pas partir, au point même, une fois, d’en vomir», a dit l’une d’entre elles.
Najah Sahli, qui continue à tout nier, a décrit longuement les impacts négatifs du procès et de sa médiatisation sur sa vie devant la cour. «Le tribunal doit en tenir compte comme facteur atténuant», a dit son avocate Me Élizabeth Ménard, avant de demander une absolution conditionnelle pour sa cliente, qui n’avait aucun antécédent et vivait avec le deuil de son mari qui venait de se suicider au moment des faits.
«Un casier judiciaire aurait un impact, surtout dans la branche où elle souhaite retourner, où elle est qualifiée, les institutions financières», a-t-elle invoqué.
La Couronne demande plutôt 9 mois d’emprisonnement avec sursis. «Juste à écouter ces mamans-là qui déposent chaque matin leurs enfants à la garderie, on entend qu’elles se sentent extrêmement trahies. Dans notre société où les femmes travaillent, le système des services de garde est très important. Les enfants sont vulnérables et ces gestes doivent être condamnés», a dit Me Ariane Roy Drouin.
Le juge Lachapelle rendra sa décision sur la sentence en juillet prochain.