«Absence de remords»: pas de libération hâtive pour un Hells devenu délateur qui demandait une «dernière chance»
Dayle Fredette pourrait bien devoir attendre 2034 avant d’être admissible à une libération conditionnelle


Laurent Lavoie
Un Hells Angels devenu délateur qui a été condamné pour meurtre a échoué dans sa tentative d’invoquer la «clause de la dernière chance» pour obtenir une libération hâtive, lui qui semble encore présenter une absence de remords face à ses crimes.
Dayle Fredette «a encore du travail à faire au niveau de l’exploration de sa dynamique criminelle, de la reconfiguration de ses schémas de pensée et de sa capacité de se responsabiliser face aux crimes qu’il a commis», a souligné le juge Alexandre Bien-Aimé, dans une décision récemment publiée.
«Ti-Dayle» est derrière les barreaux depuis qu’il s’est fait passer les menottes en 2009 lors de l’opération SharQc.

La frappe policière historique, qui visait le démantèlement des Hells Angels au Québec, avait mené à plus de 150 arrestations.
En vertu d’une entente avec l’État, il a plaidé coupable de complot et du meurtre prémédité de Dany Beaudin, survenu en avril 2000. Cinq autres accusations d’homicides le visant avaient été abandonnées.
16 meurtres
Notons toutefois que lors de sa collaboration avec les enquêteurs, Fredette «a avoué avoir participé à la commission de 16 meurtres pour le compte» des Hells Angels, mentionne le juge Bien-Aimé.
Dans les faits, le motard doit attendre au moins 25 ans, soit en avril 2034, avant de pouvoir s’adresser à la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).
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Il pouvait néanmoins avoir recours à la «clause de la dernière chance» dans l’espoir d’être libéré 10 ans plus tôt. Cet article du Code criminel a été aboli depuis par le gouvernement Harper.
Il revenait ainsi au juge Bien-Aimé d’évaluer si Fredette allait soumettre son cas à un jury, qui pourrait l’autoriser à se présenter devant la CLCC. Mais le meurtrier a essuyé un refus.
L’homme de 55 ans a cumulé dix rapports d’infraction disciplinaires depuis le début de sa peine. La plupart étaient vraisemblablement reliés à ses problèmes de drogue.

On lui reprochait, par exemple, «d’avoir dissimulé de la médication, d’avoir inhalé une substance poudreuse blanche».
Selon certains rapports de renseignements, Dayle Fredette a aussi été temporairement considéré comme un «sujet d’intérêt» dans le trafic de médicaments. Cela aurait même été à l’origine d’une bagarre l’ayant impliqué en 2019.
D’après un psychologue qui l’a évalué en 2024, le quinquagénaire présente une mentalité empreinte d’«une absence de remords», comme il continue «d’attribuer ses crimes à la guerre des motards».
Malgré certains progrès, il ressent «un sentiment d’injustice du fait d’être demeuré en prison, alors que certains de ses anciens acolytes avaient bénéficié d’un arrêt des procédures».
Erreur sur la personne
Le juge Bien-Aimé a rappelé les circonstances «particulièrement aggravantes» du crime de Fredette.
L’homme qu’il a criblé de balles, Dany Beaudin, avait été victime d’une erreur sur la personne. Il n’avait rien à voir avec la guerre sanglante que se livraient à l'époque les Hells et les Rock Machines.

D’après des déclarations fournies à la cour, ce n’est pas la «rage» qui motive la famille du défunt à s’opposer à la libération de Fredette.
C’est «plutôt l’importance qu’il paye pour avoir brisé la vie de plusieurs familles», a résumé le juge Bien-Aimé.
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