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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Abolissons les funérailles nationales!

Photo d'archives, Agence QMI (Joël Lemay)
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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-06-17T19:00:00Z
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Voici les questions qu’on a le plus entendues depuis le 9 juin:

Pourquoi VLB n’a pas droit à des funérailles nationales?

VLB méritait-il des funérailles nationales? Comment on décide qui a des funérailles nationales?

La famille de VLB a-t-elle raison de réclamer des funérailles nationales pour l’écrivain?

Un État laïc doit-il financer des funérailles qui ont lieu dans une église?

Et LA question qui est aussi revenue souvent, surtout auprès des jeunes: qui est ce VLB dont tout le monde parle?

L’héritage... de Victor-Lévy Beaulieu

Vous connaissez ma position sur les funérailles nationales: de la même façon que l’État n’a pas d’affaire dans nos chambres à coucher, l’État n’a pas d’affaire dans les églises. Je l’avais écrit en juin 2024, quand j’avais assisté aux funérailles de mon ami Jean-Pierre Ferland, dont j’ai écrit la biographie: «J’ai ressenti un profond malaise devant toute la liturgie catholique de ces funérailles nationales: comment un État laïc peut-il être main dans la main avec la religion, alors que la distinction entre les deux est la définition même de la laïcité?»

J’ai vu à ces funérailles plusieurs politiciens en exercice se lever et communier. Malaise. Un politicien ne devrait jamais faire étalage de ses convictions religieuses.

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Parlant de politiciens... Cette semaine, le Parti Québécois a fait la girouette en nous disant une chose le matin et une autre l’après-midi. Le matin: «Pour le Parti Québécois, c’est clair, l’État s’arrête aux portes des églises.» L’après-midi: «Les familles du défunt peuvent décider ce qu’elles veulent, église ou pas église.»

Branchez-vous, misère! Note au PQ: quand vous dites que votre position «est claire», ça serait peut-être une bonne idée qu’elle soit vraiment claire. Parce que là, c’était pas clair.

Ce qui n’est pas clair non plus, ce sont les critères qui font que l’État québécois accorde ou pas des funérailles nationales. Oui à René Angélil, ex-baronet devenu simple impresario, mais non à Victor-Lévy Beaulieu, qui a créé un corpus littéraire monumental? On se base sur quoi? Y a-t-il un mur, dans le bureau du Protocole du gouvernement, sur lequel on place la photo du défunt et sur lequel on lance des fléchettes? Si la fléchette atteint le nez, funérailles d’État! Si tu pognes l’oreille, la bouche ou les yeux, meilleure chance la prochaine fois.

Le plus gros tabou concernant les funérailles d’État, ce qui fait que tout le monde marche sur des œufs, c’est... les sous!

Ça coûte cher, organiser des funérailles d’État, et encore plus si elles sont télévisées. Si on publiait, après toutes les funérailles d’État, le budget total, je ne suis pas sûre que la population en réclamerait à cor et à cri.

Dernières volontés

Il faut abolir ces funérailles coûteuses, qui ne respectent en rien la laïcité de l’État, qui sont établies selon des critères nébuleux et qui ne font que créer de la discorde au moment où on devrait être dans le recueillement.

Montrons que nous sommes à la hauteur, démarquons-nous, créons une cérémonie sobre, un hommage national dépourvu de religiosité.

Une cérémonie courte, noble, distinguée,

Le Québec est une société distincte, distinguons-nous. Et enterrons une fois pour toutes cette idée de funérailles nationales.

Et si, à la place, on prenait soin de nos monuments AVANT qu’ils ne meurent?

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