Abandon de nouveau-nés: le Québec devrait se doter de «boîtes à bébés»


Marie-Eve Doyon
Deux nouveau-nés ont été abandonnés au cours du dernier mois seulement. L’un d’entre eux est décédé.
Ces nouvelles frappent l’imaginaire, certes, mais elles mettent en lumière le peu d’options dont disposent les femmes qui ne sont pas en mesure de garder leur bébé, peu importe la raison.
Faciliter l’abandon responsable
Je n’ose pas imaginer comment se sent une maman qui n’a pas d’autre choix que d’abandonner son bébé, quelques minutes ou quelques heures après un accouchement hors de l’hôpital.
Notre folklore raconte souvent des histoires de bébés laissés sur le balcon d’une église. La réalité relève plutôt du film d’horreur.
Aujourd’hui, une maman qui doit se rendre à cette décision est également passible d’accusations criminelles. Les médias et les policiers traquent la coupable.
Au lieu de cela, on devrait tout mettre en place pour qu’il soit possible, dans un délai raisonnable suivant l’accouchement, de déposer son nouveau-né dans un endroit sécuritaire sans s’exposer à des accusations.
Plusieurs pays ont installé des «boîtes à bébés» dans des lieux désignés, notamment les casernes de pompiers et les hôpitaux. Quand un enfant est laissé dans la boîte, une alarme silencieuse avise les responsables, qui prennent immédiatement le bébé en charge, sans risque d’accusation criminelle.
Une solution imparfaite, mais efficace
Non, ce n’est pas une solution parfaite.
Les sociétés riches comme la nôtre devraient avoir un filet social qui permet la contraception, l’avortement, les suivis psychosociaux, la mise en adoption et le soutien aux familles afin qu’aucune femme ne soit contrainte d’abandonner son enfant.
Mais on n’y est pas.
Si notre objectif premier est d’assurer la sécurité de l’enfant, commençons par offrir une manière sécuritaire, rapide et confidentielle de procéder à un abandon.
Mettons en place un régime d’abandon encadré, diminuons la peur qui pousse des mères à laisser leur enfant dehors, sauvons des vies.