Abandon de la réforme du mode de scrutin: le PQ accuse Legault de vouloir dominer le Québec sans opposition

Geneviève Lajoie
Le Parti Québécois tire la sonnette d’alarme: François Legault a «sciemment» renié son engagement de réformer le mode de scrutin pour dominer le Québec sans opposition.
«Ils sont morts de rire, ils regardent le Québec comme un jeu de Risk et veulent tous les sièges!» s’inquiète le député péquiste Pascal Bérubé.
Le plus récent sondage Léger publié dans les pages du Journal prédit une victoire écrasante de la CAQ aux prochaines élections de l’automne. Avec 44% d’appuis, les troupes de François Legault ne laissent que des miettes aux partis d’opposition. Les projections de sièges du site de Québec 125 donnent près de cent sièges aux caquistes.
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Mais la situation serait passablement différente si le gouvernement avait respecté son engagement de réformer le mode de scrutin.
«C’est lâche! a poursuivi le député de Matane-Matapédia. On peut anticiper une crise démocratique importante au Québec, une distorsion sans précédent entre les intentions de vote réelles et la représentation à venir de la prochaine législature. La CAQ, avec un peu plus de 40% des voix, pourrait se retrouver avec une centaine de sièges sur 125, c’est une disproportion qui fait peur!»
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Selon Pascal Bérubé, l’objectif de François Legault est d’éliminer toute concurrence. Il met en garde les citoyens contre les intentions de la CAQ. «Le gouvernement a abandonné sciemment, de façon calculée, un engagement électoral pour assurer une domination totale du Québec et il y a des conséquences à ça.»
Pas une priorité des Québécois
La réplique de la ministre Sonia LeBel est venue quelques minutes plus tard, durant l’étude des crédits en commission parlementaire. La responsable des institutions démocratiques a soutenu que son gouvernement a bel et bien respecté son engagement, qui était seulement de déposer un projet de loi portant sur la réforme du mode de scrutin.
Et le texte législatif risque fort d’accumuler la poussière sur une tablette, si on en croit la ministre LeBel. «Je pense que les prochains mois, les prochaines années, les énergies doivent être mises pour l’économie, le système de santé», a-t-elle insisté. La CAQ n’a pas l’intention de ramener le projet de loi après les prochaines élections.
Son chef, François Legault, abonde dans le même sens. Réformer le mode de scrutin n’est pas une priorité des Québécois, dit-il. «Il n'y a personne qui se bouscule dans les autobus au Québec pour changer le mode de scrutin».
À Pascal Bérubé, qui s’inquiète pour la santé démocratique du Québec, le premier ministre réplique qu’en dépit des sondages, les choses peuvent changer rapidement en politique. «Moi, je pense que ça va se resserrer.»