À un poil de la majorité, Mark Carney commence ses jeux de pouvoir


Raphaël Pirro
Les boîtes de scrutin ont été dépouillées, mais la course électorale n’est pas terminée pour autant. Plusieurs choses peuvent brouiller les cartes du pouvoir à Ottawa, comme des recomptages, des démissions ou des transfuges.
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À un poil du seuil majoritaire de 172 sièges, le Parlement pourrait être le théâtre de fascinants jeux de coulisses qui changeront sa composition.
«Les chiffres que nous avons aujourd’hui ne ressembleront pas nécessairement à ça dans un an. Ce n’est pas final», assure le politologue Alex Marland de l’Université Acadia.
Des sièges toujours en jeu
Certaines victoires ont été tellement courtes qu’elles ont mené à des dépouillements judiciaires automatiques. Cela se produit lorsque l’écart entre les deux premiers candidats est inférieur à un millième du total des votes exprimés.
C’est le cas de l’élection dans Terrebonne, où la libérale Tatiana Auguste a délogé la bloquiste Nathalie Sinclair-Desgagné par 35 votes. La marge de différence est sous la barre des 1%.
Même scénario dans Terra Nova–The Peninsulas, à Terre-Neuve. Le candidat libéral a gagné avec 12 voix sur son adversaire conservateur, mais cela pourrait changer après un recomptage.
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Le NPD en position de faiblesse
La chute du NPD signifie qu’il perd son statut de parti officiel aux Communes et ce qui vient avec: pas de places aux comités, moins de questions lors des périodes de questions, moins de personnel et moins de ressources.
«Ce sont toutes des choses qu’ils pourraient négocier en échange de leur appui pour des votes importants», explique M. Marland, qui se spécialise en discipline de parti.
Réduit à sept députés, il ne faut pas s’attendre à ce que le NPD répète l’expérience d’une entente à la Justin Trudeau et Jagmeet Singh.
Maraudage
Comme au hockey, Mark Carney pourrait tenter de repêcher des députés frustrés des autres formations pour élargir son équipe et franchir le seuil de la majorité.
Ce fut le cas en 2006, lorsque Stephen Harper a nommé au sein de son cabinet un député élu sous la bannière libérale à Vancouver, qui a changé de clan après les élections.
Cette fois-ci, des élus conservateurs ou néodémocrates frustrés par la défaite pourraient être appâtés par des postes convoités.
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Le vote du président
D’ordinaire, le parti au pouvoir souhaite voir l’un des siens sur le trône de la Chambre. Or, cela lui fait perdre un vote, car le président ne peut se prononcer.
«Dans ce contexte, chaque siège compte», indique le professeur. «C’est le genre de situation où les libéraux pourraient préférer un conservateur. L’identité du président de la Chambre est traditionnellement une des choses qui est négociée entre les partis.»
Une majorité, en as-tu vraiment besoin?
Et si une courte majorité compliquait la vie de Mark Carney?
Cela requiert une discipline de fer afin de ne jamais échapper de vote. «Il faut que tout le monde soit toujours là, qu’ils votent toujours du bon bord. Que faire si un député est malade?»
«Même s’ils arrivent à 172 sièges, ils vont devoir agir comme s’ils étaient une minorité», juge M. Marland.
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