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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

«À la croisée des chemins» de Louise Tremblay d’Essiambre nous montre Sherbrooke pendant la Deuxième Guerre mondiale

Louise Tremblay d’Essiambre
Louise Tremblay d’Essiambre Photo fournie par Dominique Lafond, Saint-Jean Éditeur
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-04-23T04:00:00Z
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Toujours créative et imaginative, experte dans l’art de créer des ambiances et des dialogues réalistes où les émotions sont à fleur de peau, Louise Tremblay d’Essiambre propose ce printemps une nouvelle série se déroulant en 1943 dans les Cantons-de-l’Est, À la croisée des chemins. Connor Fitzgerald épouse Ophélie Vaillancourt. Tous deux souhaitent fonder une famille nombreuse. Sans surprise, c’est bien ce qui se produit. Mais la suite ne va pas nécessairement se dérouler comme un conte de fées, d’autant que les effets de la Seconde Guerre mondiale se font sentir

Le couple s’est établi à Sherbrooke où Connor est mécanicien pour le CP. Ophélie, de son côté, ne chôme pas avec 13 enfants dans la maison, dont les deux plus jeunes sont encore des poupons.

Les jumeaux Marjolaine et Henry, qui, à 19 ans, sont les aînés de la famille, songent à la vie d’adulte qui les attend. Leurs frères et sœurs s’accommodent du mieux possible de leur vie quotidienne mouvementée. 

Lorsque la Seconde Guerre mondiale fait sentir ses effets au Québec, les trajectoires de certains d’entre eux vont bifurquer. En parallèle, la vie change à cause du contexte mondial : de plus en plus d’usines contribuent à l’effort de guerre. La vie quotidienne de chacun doit s’adapter à une nouvelle réalité et les obstacles à surmonter sont nombreux. 

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Les Cantons-de-l’Est

Louise Tremblay d’Essiambre campe pour la première fois un roman dans les Cantons-de-l’Est, une région qu’elle connaît bien et qu’elle aime.

«C’est la première fois que j’en parle. J’ai peut-être fait des petits clins d’œil à l’occasion... mais pas plus. Je voulais parler du milieu, je voulais parler des Irlandais, je voulais parler de ces années-là», dit-elle en entrevue.

Une confidence : son premier cavalier sérieux, avec qui elle a été pendant trois ans, venait de cette région. 

«Je suis allée à Coaticook et Sherbrooke très régulièrement pendant une couple d’années. Le père de mon amoureux de l’époque était le fils d’une Irlandaise.»

Louise a adoré faire ses recherches sur le Québec pendant la guerre et a appris beaucoup de choses intéressantes. 

«Le tome un se termine sur un événement particulier dont je n’avais jamais entendu parler.» 

Mère au bout du rouleau

Écrivaine du monde des émotions et des aléas de la vie quotidienne, Louise Tremblay d’Essiambre décrit la dynamique d’une famille de 13 enfants qui doit faire face au départ de la mère, qui n’en peut juste plus.

L’écrivaine est elle-même mère de neuf enfants. 

«Moi, c’est neuf enfants voulus. C’est la différence entre Ophélie et moi. Les enfants lui ont été imposés. On verra que cette femme-là, qui était forte en gueule avec ses enfants, lançait finalement un appel au secours.»

«Connor l’aime, mais comme bien des hommes de l’époque, il ne sait pas comment le dire, il ne sait pas comment le montrer. Finalement, pour lui, sa grande fierté, c’est sa famille, ses enfants. Mais c’est un homme de son époque: “I’m the boss here !”. C’est lui qui décide.»

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Ophélie a subi sa vie, ajoute l’autrice, a vécu un baby blues et a choisi de s’en aller. 

«On sent, à un moment donné, qu’elle n’est plus capable de vivre ça. Elle a besoin de se dire à elle-même : je m’aime, moi. Avant d’être capable de dire qu’on aime les autres, il faut être bien avec soi-même. Treize enfants que tu ne veux pas tous, c’est pas évident. Elle voit son mari qui va à la taverne alors qu’elle est prise à la maison.»

La famille va éclater. 

«Ophélie vit dans un quatre et demi avec 13 enfants. C’est assez pour devenir fou. Et ce n’était pas nécessairement le grand amour entre les frères et sœurs.» 

  • Louise Tremblay d’Essiambre est une écrivaine prolifique et très appréciée de ses nombreux lecteurs.
  • Elle a écrit 10 séries mémorables (55 romans!).
  • Elle est considérée comme l’écrivaine québécoise la plus lue, en librairie comme en bibliothèque publique.
  • Ses romans trônent au sommet des palmarès des nouveautés depuis 2005.
  • Elle est mère de neuf enfants et peintre. 

EXTRAIT

Photo fournie par les Éditions Saint-Jean
Photo fournie par les Éditions Saint-Jean

«Apparu subitement au coin le plus éloigné de la gare, un vieux papier graisseux virevolta sur le trottoir de bois, poussé par ce vent capricieux qui transperçait les manteaux. Marjolaine le suivit machinalement des yeux durant un long moment, s’évitant ainsi de trop réfléchir. Toutefois, quand la cloche du beffroi de l’usine de la Paton Manufacturing Company brisa le silence du petit matin, un long frisson parcourut le dos de la jeune femme, des reins jusqu’à la nuque. La main de son frère Henry, debout à côté d’elle, se fit alors plus lourde sur son épaule. Il savait que le froid y était pour quelque chose dans ce long grelottement, car sa sœur avait toujours été frileuse. En revanche, il se doutait bien que sa peur de l’ennui et de l’inconnu devait être encore plus efficace que la brise d’automne pour lui causer ce grand frisson.»

– Louise Tremblay d’Essiambre, À la croisée des chemins, Éditions Saint-Jean

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