À quelques jours de la rentrée, le tiers des écoles cherchent au moins un prof à temps plein
Daphnée Dion-Viens | Le Journal de Québec
À quelques jours à peine de la rentrée, plus d’une école sur deux (55 %) est à la recherche d’au moins un prof à temps partiel ou en remplacement, et près d’une école sur trois (31 %), d’au moins un enseignant à temps plein.
C’est du moins le portrait dressé par la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), à partir d’un sondage réalisé mardi auprès de ses membres. La FQDE, qui représente la majorité des directions des écoles de la province, est convaincue que ce coup de sonde traduit bien la réalité sur le terrain.
Il ne s’agit toutefois pas de chiffres officiels. Le ministère de l’Éducation n’avait toujours pas de données récentes à transmettre à ce sujet hier en fin de journée.
La semaine dernière, Québec avait toutefois indiqué qu’il restait environ 700 enseignants à temps plein à trouver dans le réseau scolaire, lequel compte un peu plus de 2700 écoles primaires et secondaires. Ce chiffre excluait toutefois tous les postes et contrats à temps partiel vacants, lesquels sont souvent encore plus nombreux que les emplois à temps complet à combler dans plusieurs centres de services scolaires.
Des suppléants à la rentrée
Le nouveau portrait chiffré de la FQDE demeure «très préoccupant», surtout à quelques jours à peine de la rentrée scolaire, affirme son président, Nicolas Prévost.
Ce dernier précise toutefois que les profs à temps plein recherchés au primaire ne sont pas seulement des titulaires de classe, mais aussi des enseignants spécialistes de musique, d’anglais ou d’éducation physique.
Néanmoins, M. Prévost ne voit pas comment il pourra y avoir un enseignant dans chaque classe à la rentrée, comme l’affirmait récemment le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.
«Oui, on va encore se retrouver avec des suppléants à la rentrée cette année. Il va y avoir un adulte dans chaque classe, mais... reste à voir qui ce sera», laisse-t-il tomber.
M. Prévost craint que des orthopédagogues ou des éducatrices spécialisées ne doivent prendre en charge des groupes, ce qui priverait des élèves en difficulté de services spécialisés.
«Réel problème»
Les craintes sont les mêmes du côté de la Fédération des comités de parents du Québec. «C’est vraiment préoccupant, on voit que c’est un réel problème. Malheureusement, ce sont les élèves les plus vulnérables qui vont écoper», déplore son président, Kévin Roy.
Ces difficultés de recrutement en début d’année scolaire ne laissent d’ailleurs présager rien de bon pour la suite, ajoute M. Prévost. Au cours des prochaines semaines, il faudra aussi trouver d’autres enseignants pour remplacer ceux qui partiront en congé de maternité et de maladie, alors que les banques de suppléants sont à sec dans plusieurs centres de services, indique-t-il.
ENSEIGNANTS À TEMPS PLEIN RECHERCHÉS
- Aucun dans 69 %des écoles
- Au moins 1 dans 31 % des écoles
- Au moins 5 dans 5 % des écoles
ENSEIGNANTS À TEMPS PARTIEL OU REMPLAÇANTS RECHERCHÉS
- Aucun dans 45 % des écoles
- Au moins 1 dans 55 %des écoles
- Au moins 5 dans 11 % des écoles
Source : Sondage réalisé le 23 août par la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement. Les répondants proviennent d’au moins 150 écoles différentes.
465 emplois vacants dans les services de garde
Dans les écoles de la région de Québec, c’est surtout le recrutement du personnel des services de garde qui cause des maux de tête, à quelques jours de la rentrée : 465 emplois sont toujours vacants.
Au centre de services scolaire de la Capitale, 136 éducateurs ou éducatrices manquent à l’appel pour occuper des postes et contrats à temps partiel dans les services de garde, alors que ce nombre grimpe à 172 du côté des Premières-Seigneuries.
Au centre de services scolaire des Découvreurs, il manque toujours 85 personnes pour pourvoir 52 postes et 33 remplacements. «Notre équipe des ressources humaines poursuit ses efforts pour combler ces postes et s’assurer qu’un service de qualité soit offert dans nos écoles», indique son conseiller en communications, Charles-Antoine Gagnon.
À pareille date l’an passé, il y avait plutôt 350 postes vacants dans les services de garde des trois centres de services de la Rive-Nord de Québec, comparé à près de 400 cette année.
À ce portrait, il faut aussi ajouter les 65 postes à temps plein et à temps partiel à pourvoir dans les écoles du centre de services scolaire des Navigateurs, sur la Rive-Sud de Québec.
Appel aux parents
Devant l’impossibilité de combler des emplois dans certains établissements, des directions d’écoles ont envoyé des messages aux parents afin de les inviter à trouver des solutions de rechange pour éviter d’avoir recours au service de garde.
Les élèves plus vieux qui sont capables de rester seuls à la maison sont notamment invités à rentrer à la maison le midi ou encore à la fin des classes, indique-t-on du côté de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles.
«Du jamais-vu»
Le même scénario se répète aussi dans plusieurs régions du Québec. À l’échelle provinciale, le réseau scolaire est toujours à la recherche de 1500 employés de soutien, selon les chiffres amassés au cours des derniers jours par la Fédération des employées et employés de services publics de la CSN.
La présidente du secteur scolaire, Annie Charland, affirme que la situation est «catastrophique».
Écoutez l’entrevue d’Alexandre Moranville avec Simon Landry, professeur en mathématiques au secondaire sur QUB radio :
«Ça fait quelques années qu’on voyait venir la pénurie, mais cette année, on bat des records. C’est du jamais-vu», lance-t-elle.
Le nombre maximum d’élèves par groupe, qui est d’une vingtaine dans les services de garde, risque d’être dépassé dans plusieurs écoles, déplore Mme Charland.
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