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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

À moins de 50 jours des Jeux olympiques, Lutte Canada tente de redresser ses finances précaires

AFP
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Photo portrait de Richard Boutin

Richard Boutin

2024-06-11T04:00:00Z
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À moins de 50 jours du coup d’envoi des Jeux olympiques de Paris alors que toute l’énergie et les efforts devraient être concentrés sur la préparation finale afin de permettre aux athlètes de se consacrer uniquement à leur quête de réaliser une bonne performance, Lutte Canada a lancé une campagne de levée de fonds pour pallier les finances précaires de l’organisme.

• À lire aussi: Santé financière précaire des Fédérations nationales: «Ce n'est pas viable et encourageant pour le futur»

Dans un communiqué diffusé lundi dernier, Lutte Canada partageait ses craintes quant à ses finances et détaillait les nombreuses dépenses reliées à la préparation des athlètes et du personnel d’encadrement.

«Avant que les compétitions de lutte ne commencent le 5 août, il y a beaucoup à faire pour que les athlètes puissent s’y rendre.»

Malgré l’appel à des donateurs et à des commanditaires et le ton inquiétant, Lutte Canada assure que la présence des six athlètes qualifiés pour les Jeux n’est pas compromise. Même chose du côté du Comité olympique canadien (COC). Le Canada ne misera pas sur une équipe complète de 12 athlètes, mais cette situation n’a pas de lien avec les finances précaires de l’organisme.

«Dans le cas de la lutte, la situation est urgente, a confirmé le directeur du Sport, Eric Myles. Les ressources sont restreintes et des journées de camp ont été coupées. La délégation qui n’est pas complète (6 sur 12) sera toutefois à Paris.»

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Eric Myles
Eric Myles Photo d'archives, Agence QMI (Joël Lemay)

Darren Matte estime que le moment est bien choisi pour faire appel à la communauté de la lutte au pays. «Il n’y a aucune crainte que les athlètes qualifiés ne seront pas à Paris, a affirmé le gestionnaire du marketing et des communications de Lutte Canada, mais il s’agit d’un bon moment pour appuyer les athlètes individuellement ou la Fédération nationale et faire prendre conscience que les dépenses ne sont pas toutes payées.»

Des particularités des sports de combat

Si le Comité olympique canadien (COC) et Sports Canada assument les frais de déplacement des athlètes et des entraîneurs dans la Ville lumière, la lutte possède certaines particularités qui augmentent les coûts qui ne sont pas couverts.

«Il y a toujours des frais qui ne sont pas couverts par le COC encore plus pour les sports de combat où l’on doit amener des partenaires d’entraînement dont nous devons assumer les dépenses, a expliqué Matte. La Fédération internationale a aussi décidé contrairement à d’autres disciplines de tenir un championnat mondial et panaméricain en cette année olympique. Nous avons quatre équipes nationales (olympique, U-23, U-20 et U-17) qui seront en action dans les différentes compétitions.»

Situation difficile pour les athlètes

Le Montréalais Alex Moore, qui s’entraîne sous la férule de l’olympien David Zilberman, reconnaît que la situation est loin d’être idéale. «La préparation est un peu difficile parce qu’il y a peu d’argent, a-t-il indiqué. Je tente de trouver des commanditaires, mais on m’offre principalement des produits gratuits. Quant aux tournois, il faut opter pour ceux choisis par la Fédération sinon il n’y a pas de financement.»

Le lutteur Alex Moore participera à ses premiers Jeux olympiques.
Le lutteur Alex Moore participera à ses premiers Jeux olympiques. Photo tirée du compte X Wrestling Canada Lutte

Concentré sur sa préparation olympique, Moore n’a pas encore décidé s’il va s’engager dans un autre cycle. Il a complété l’an dernier son diplôme en gestion à l’école John Molson de l’Université de Concordia.

Double emploi

Zilberman est pleinement conscient des enjeux financiers des athlètes. «Ce n’est pas payant le sport olympique encore moins dans un sport peu connu comme le nôtre et les athlètes préfèrent parfois fermer un chapitre pour débuter leur carrière professionnelle. C’est difficile et frustrant qu’il y ait si peu d’argent. C’est possible de s’entraîner et d’occuper un emploi, mais ça devient un plus gros défi. Ça demande beaucoup plus d’énergie mentale.»

La médaille comme outil de financement

Si Moore ou un des cinq autres athlètes sélectionnés pouvaient se hisser sur le podium à Paris, Lutte Canada serait aux anges. «Ça serait immense si un de nos athlètes remporte une médaille, a souligné Matte. Ça nous donnerait de l’attention de la part du programme À nous le podium dont le financement est relié directement aux médailles remportées. Le secteur privé pourrait aussi être interpellé.»

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