L’ex-propriétaire de Joe Beef prend sa retraite pour cultiver plutôt que cuisiner
Le chef David McMillan était exaspéré par les conditions d’être restaurateur


Louis-Philippe Messier
Les aléas de la pandémie continuent d’inspirer des cauchemars au chef David McMillan qui s’est retiré de ses restaurants, dont le Joe Beef, il y a plusieurs mois afin d’aller cultiver des légumes et des vignes en Estrie.
«Je me réveille en imaginant que le lave-vaiselle est brisé, que le conteneur à déchets déborde ou que Valérie Plante vient encore de fermer la rue Notre-Dame...», confie le nouveau «retraité» de 50 ans qui fait encore de mauvais rêves liés à la restauration.
Le yoyo sanitaire, la main d’œuvre rare, les nouvelles habitudes de la clientèle moins sorteuse et plus prompte à se faire livrer des repas ont fini par l’exaspérer au point de tout quitter.
«Je me voyais mal finir ma carrière en mettant des côtes levées dans des boîtes en aluminium jour après jour, vague après vague... c’est démoralisant!» résume le nouveau retraité de 50 ans.

Ce résident de Pointe-Claire évite encore de passer par le centre-ville ou même d’employer des ponts qui le lui montreraient parce que cette vue agite en lui des sentiments désagréables.
M. McMillan s’est ainsi «retiré sur ses terres» puisqu’il veut maintenant habiter et exploiter une petite ferme à Saint-Armand, en Estrie, où il cultive des légumes et des vignes.
La COVID-19 a tout gâché
En prenant sa retraite à l’automne dernier, il s’est au moins épargné la plus récente fermeture sanitaire des salles à manger un peu avant Noël. Les inconvénients collatéraux de la COVID-19 sont venus gâcher ce qu’il aimait dans son métier.
«Le genre de restauration que j’aime, c’est un restaurant de quartier avec une petite salle intime, avec une cuisine très française, et je ne sais pas quand les circonstances redeviendront favorables à ça...»

Instagram a instillé des nouvelle exigences photogéniques chez une certaine clientèle et la gastronomie française du chef McMillan se prête mal à ce genre d'exhibition culinaire :
«Personne n’a de succès sur Instagram ou TikTok en montrant des rognons de veau à la moutarde!»
Parmi les restaurateurs qui ont abandonné le métier, M. McMillan fait figure de privilégié.

Ses associés ont racheté ses parts.
Son restaurant, Joe Beef, continue d’exister.
«J’ai une admiration incroyable pour mes anciens associés qui m’ont racheté et qui vont se dévouer, j’ai confiance en eux. Moi, j’étais devenu le maillon faible, je n’avais plus de feu sacré, alors j’ai passé le flambeau. »
Ses restos
- Joe Beef, Le Vin Papillon, Liverpool House, McKiernan et Vinette
- 17 années d’existence
- Propriétaire(s) : Fred Morin et Allison Cunningham ont racheté ses parts