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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

À la Maison-Blanche, Carney passe bien le test

Premier test réussi face à cette promesse risquée de tenir tête à Trump

Mark Carney a su imposer le respect et éviter les écueils devant Donald Trump.
Mark Carney a su imposer le respect et éviter les écueils devant Donald Trump. Photo MEGA/WENN
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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2025-05-07T04:00:00Z
2025-05-07T04:10:00Z
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Mark Carney ne peut pas se fier sur une vaste expérience politique, mais il a néanmoins fait preuve de réflexes hier face à Donald Trump. Sur la question du 51e État, Donald Trump a fait référence à son passé de promoteur immobilier dans sa réponse. M. Carney a habilement sauté là-dessus en disant: «Comme promoteur immobilier, vous savez que certaines propriétés ne sont jamais à vendre.»

Cela lui faisait une entrée en matière pour bien établir, sans brusquer ou provoquer son interlocuteur, que le Canada ne sera jamais à vendre. Il a pu le dire avec fermeté. Le président américain a continué à argumenter sa lubie, à vanter les avantages de cette annexion pour le Canada, mais en précisant qu’il faut être deux pour danser et qu’il ne forcerait pas le Canada.

Mark Carney n’avait pas plié l’échine. Mark Carney n’avait pas non plus provoqué son hôte et gâché la relation. La rencontre dans le Bureau ovale en présence des journalistes s’est poursuivie dans le désordre à la Trump, mais sans autre dommage pour le Canada. En langage de cirque, Carney avait marché sur le fil de fer d’un bout à l’autre sans tomber. Exercice réussi.

Respect

Il n’y a pas de doute que Mark Carney a su imposer un certain respect. Le président Trump s’est même permis de s’épancher sur sa relation très négative avec Justin Trudeau en évoquant à quel point les choses se passaient mieux avec le nouveau premier ministre canadien.

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On le sent dans le ton, on le sent dans le choix des mots; Donald Trump n’a pas le réflexe de désigner Mark Carney comme le gouverneur du 51e État. Le curriculum vitae et la réputation de Mark Carney font probablement une partie du travail. Et une certaine prestance impose qu’on le prenne au sérieux.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Évidemment, une relation plus respectueuse ne garantit rien pour le Canada. Des négociations ardues sont à prévoir avec un président qui a développé une vision bizarre du commerce international. Notre voisin travaille sur un plan basé sur les tarifs, un plan que les économistes sérieux jugent parfait pour appauvrir les États-Unis et les partenaires des États-Unis.

Véritable comédie

On aura beau pousser un premier soupir de soulagement en voyant ce passage réussi pour Mark Carney à la Maison-Blanche, c’était quand même un cirque pathétique hier. Pendant une demi-heure, le premier ministre canadien a dû endurer le triste spectacle d’un narcissique dérangé qui se vante et qui déballe des histoires fantaisistes dont il est le héros.

Je regardais Mark Carney, assez stoïque, qui écoutait Trump pérorer sur les États-Unis et sur les problèmes du monde. Je ne sais pas trop si le regard de Carney exprimait de l’étonnement, du mépris ou du découragement. Les trois auraient été justifiés devant un si pitoyable spectacle.

Quoi qu’il en soit, Mark Carney avait promis d’être à la hauteur face à Donald Trump. C’était une promesse risquée. Premier test réussi.

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