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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

À la frontière entre les Corées, les passages en force aussi dangereux que rares

Photo AFP
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Agence France Presse

2023-07-19T13:14:50Z
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Échanges de tirs, voiture lancée à tombeau ouvert, sprints dans les champs de mines: les passages en force de la frontière entre les deux Corées sont extrêmement dangereux et restent exceptionnels. Un soldat américain s'y est pourtant risqué cette semaine.

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La frontière entre les deux Corées est hautement sécurisée. Mais au village de Panmunjom, qui constitue la zone de sécurité commune (JSA), la frontière n'est marquée que par une modeste barrière en béton, relativement facile à franchir, malgré la présence de soldats des deux côtés.

L'AFP fait le point sur les cas de défection les plus sensationnels :

Soldat américain

Le soldat américain de deuxième classe Travis King visitait Panmunjom avec un groupe de touristes quand il s'est mis à courir, en hurlant «ha ha ha», avant de passer côté Nord, selon des témoins.

Il a commis cet acte «délibérément et sans autorisation», ont déclaré les autorités américaines.

M. King venait d'être libéré d'une prison sud-coréenne le 10 juillet, où il avait purgé une peine de deux mois pour agression.

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Selon l'agence de presse Yonhap, il est également soupçonné d'avoir «donné des coups de pied répétés à la porte arrière d'un véhicule de patrouille de la police dans le district de Mapo à Séoul» en octobre dernier et d'avoir insulté des policiers qui tentaient de l'appréhender.

Soldat nord-coréen

En 2017, un simple soldat nord-coréen a fait une défection aussi exceptionnelle que spectaculaire.

Au volant d'un véhicule, roulant à tombeau ouvert, Oh Chong Song, alors âgé de 24 ans, a traversé la frontière de Panmunjom, sous une pluie de balles nord-coréennes, avant de s'abriter derrière un bâtiment en Corée du Sud. Souffrant de plusieurs blessures par balle, il a dû subir de multiples opérations.

Plus tard, M. Oh a expliqué avoir grandi en écoutant la musique du Sud, dont la culture lui le faisait rêver.

Étudiant soviétique

En 1984, Vasily Yakovlevich Matuzok, de l'Institut des relations internationales de Moscou, où sont formés les futurs diplomates et agents de renseignement, a franchi la frontière en sprintant.

Sa course folle a déclenché un échange de tirs de 30 minutes entre les deux parties, faisant trois morts parmi les Nord-Coréens et un parmi les Sud-Coréens. Cette défection reste l'un des événements les plus sanglants de l'histoire de la JSA.

M. Matuzok, qui n'a pas été blessé, a raconté plus tard à des officiers américains qu'il avait saisi la première occasion qui s'offrait à lui de fuir en Occident.

Journaliste nord-coréen

En 1967, Lee Soo Keun, alors vice-président de l'agence de presse officielle nord-coréenne Korean Central News Agency, couvrait les pourparlers entre la Corée du Nord et le commandement des Nations unies quand il a secrètement demandé à des fonctionnaires américains d'aider à sa défection.

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Cette défection a largement servi à la propagande du Sud, qui lui a réservé un accueil de héros, lui offrant maison et voiture, entre autres présents.

Le gouvernement de Séoul a même aidé M. Lee, marié et père de trois enfants au Nord, à épouser une conférencière américaine dans son nouveau pays, où il a fait des tournées de conférences anticommunistes.

Mais deux ans plus tard, mécontent de sa vie au Sud, M. Lee a été arrêté alors qu'il tentait de fuir avec un faux passeport, coiffé d'une perruque et portant une fausse moustache.

Il a rapidement été condamné pour espionnage au profit du Nord et pendu. En 2018, un tribunal de Séoul l'a réhabilité à titre posthume, jugeant qu'il avait été exécuté à tort sur la base d'accusations forgées de toutes pièces.

Soldat américain

En 1962, un soldat américain de 21 ans, James Joseph Dresnok, est passé en Corée du Nord après avoir traversé un champ de mines en courant, pour atteindre le village frontalier de Kijong-dong. À l'époque, ce jeune divorcé risquait la cour martiale.

Il se disait heureux de sa vie à Pyongyang, affirmant qu'il ne quitterait pas ce pays, pas même «pour un milliard de dollars d'or».

Au cours de sa vie au Nord, M. Dresnok est devenu une star de cinéma dans le pays, en incarnant souvent de méchants américains.

En 2017, ses deux fils, portant l'uniforme de l'Armée populaire de Corée, ont confirmé la mort de leur père dans une interview vidéo diffusée sur un site web de propagande.

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