À Gaza, le chef humanitaire de l’ONU évoque «une tâche énorme» d’acheminement d’aide

AFP
L’acheminement de l’aide d’urgence dans la bande de Gaza constitue une «tâche énorme», a plaidé samedi le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, lors d’une visite dans le territoire palestinien dévasté par deux ans de guerre.
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En parallèle, les autorités israéliennes ont annoncé samedi avoir identifié la dépouille d’un otage retenu à Gaza, remise la veille dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Lors d’une visite dans la ville de Gaza, M. Fletcher a dit constater l’ampleur des destructions. «J’étais ici, il y a sept ou huit mois. La plupart de ces bâtiments étaient encore debout. Mais là, c’est absolument épouvantable de voir une vaste partie de la ville devenue un terrain vague», a-t-il dit à l’AFP dans le quartier de Cheikh Radouane.
«Nous avons maintenant un plan massif de 60 jours pour intensifier l’approvisionnement alimentaire, distribuer un million de repas par jour, commencer à reconstruire le secteur de la santé, installer des tentes pour l’hiver, remettre des centaines de milliers d’enfants à l’école», a-t-il détaillé.
M. Fletcher, qui est entré vendredi dans la bande de Gaza, a estimé que l’OCHA (le bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU) devra faire face à «une tâche énorme [...], mais nous le devons aux gens ici qui ont traversé tant de choses».
Recherche des corps
À travers Gaza, les secours s’activent pour retrouver les corps de Palestiniens ensevelis sous les gravats, tandis que le Hamas cherche à retrouver des dépouilles d’otages israéliens qu’il doit remettre à la Croix-Rouge dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu.
Par ailleurs, pour aider à la recherche des corps, israéliens comme palestiniens, une équipe de 81 membres de l’AFAD, l’agence turque de gestion des catastrophes, attend depuis vendredi à la frontière du côté égyptien, selon un haut responsable turc à l’AFP.
Aux termes de l’accord, entré en vigueur le 10 octobre, le groupe islamiste palestinien devait libérer tous les otages, vivants et morts qu’il détenait encore, au plus tard le lundi 13 octobre à 9 h 00 GMT.
Le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants, mais n’a restitué depuis lundi que dix dépouilles sur les 28 qu’il retenait.
Samedi matin, les autorités israéliennes ont annoncé avoir la dépouille, remise la veille, d’Eliyahu Margalit, un septuagénaire tué le 7 octobre 2023 par un commando du Hamas qui l’a ensuite emmené à Gaza.
Israël ne fera «pas de compromis» et «n’épargnera aucun effort jusqu’au retour de tous les otages décédés», a-t-on affirmé au bureau du premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou.
Un porte-parole du Hamas, Hazem Qasem, a dit vendredi que le mouvement islamiste continuait à œuvrer en faveur de l’échange de prisonniers, tout en soulignant que «la question des corps [était] complexe et nécessit[ait] du temps».
Pour Israël, le retard dans la remise des dépouilles est une violation du cessez-le-feu.
Le Hamas dénonce de son côté de «nombreuses violations de l’accord».
La Défense civile, opérant sous l’autorité du Hamas, a affirmé samedi avoir récupéré les dépouilles de neuf Palestiniens tués, selon elle, la veille dans des tirs israéliens contre un autobus. L’armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir «identifié» un véhicule «suspect en train de franchir la ligne jaune» et les soldats ont «ouvert le feu pour éliminer la menace» et cela, «conformément à l’accord».
La veille au soir, le ministre de la Défense israélien Israël Katz a dit dans X que l’armée avait «commencé à marquer la ligne jaune où elle se déploie sur plus de 50% du territoire de Gaza, avec un marquage continu spécial afin d’en déterminer clairement» la limite.
Selon la Défense civile de Gaza, «plus de 280 corps de martyrs [ont] été retrouvés sous les décombres» depuis le début de la trêve. Les autorités locales estiment qu’environ 10 000 corps y sont toujours ensevelis.
Accès restreints
Le Programme alimentaire mondial a réclamé vendredi l’ouverture de tous les points de passage, contrôlés par Israël, vers le territoire palestinien pour «l’inonder de nourriture».
Le plan négocié sous l’égide de Donald Trump prévoit que «dès l’acceptation de cet accord, une aide complète sera immédiatement acheminée dans la bande de Gaza».
Une étape ultérieure du plan visant à la paix prévoit également le désarmement du Hamas et l’amnistie ou l’exil de ses combattants, ainsi que la poursuite du retrait israélien, autant de points qui restent sujets à discussion.
L’attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.
L’offensive israélienne menée en représailles a fait 67 967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.