À Gaza, des habitants décrivent «une année de souffrance» depuis le 7 octobre

AFP
Un «monde qui s'est arrêté», une «année de souffrance»: au milieu des ruines, des habitants de la bande de Gaza exhalent leur désespoir, un an jour pour jour après l'attaque sans précédent contre Israël lancée par le Hamas de leur territoire, toujours en proie à la guerre.
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«La nuit dernière, nous l'avons passée terrorisés par les tirs des quadcopters (drones militaires, NDLR) et des chars», raconte Khaled al-Hawajri, 46 ans, qui dit avoir été déplacé dix fois depuis le début de l'offensive d'Israël contre le mouvement islamiste palestinien.
Alors que des troupes israéliennes encerclent de nouveau le camp de réfugiés de Jabalia dans le nord du territoire assiégé et dévasté, ce père de famille a l'impression de revivre «le premier jour de la guerre».
L'armée dit mener une nouvelle opération dans cette zone au vu des «efforts du Hamas» pour y «reconstruire ses capacités opérationnelles».
Après les combats de la nuit, M. Hawajri a quitté Jabalia pour rallier Gaza-ville. Il décrit «la peur dans le cœur de (ses) enfants».
Les rues, recouvertes de débris et de sable, aux trottoirs défoncés, passent entre des bâtiments réduits à des amas de décombres, ou éventrés.
«Quand je marche dans les rues, je ne les reconnais plus», explique à l'AFP Hussam Mansour, 64 ans, dont l'immeuble a été détruit par une frappe aérienne. Il affirme avoir des difficultés à trouver de quoi se nourrir dans un territoire décrit comme au bord de la famine par l'ONU.

Nulle part en sécurité
Faute de carburant, rare et hors de prix, les routes défoncées sont surtout parcourues par des piétons, et des charrettes tirées par des ânes. Les quelques voitures qui passent transportent souvent des déplacés chargés de sacs et bidons d'eau.
Environ 90% de la population a été déplacée au moins une fois, selon les Nations unies. Lundi, l'armée israélienne a encore envoyé de nouveaux ordres d'évacuation pour les quartiers entourant Jabalia.
Et le bilan humain ne cesse de s'alourdir, avec jusque là 41.909 Palestiniens tués dans la campagne militaire israélienne, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, après son attaque sans précédent du 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.
Sur les 251 personnes emmenées comme otages, 97 restent détenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée israélienne.
«Je n'avais jamais imaginé que la guerre durerait aussi longtemps», affirme Mohammed al-Muqayyid, 46 ans qui a lui aussi quitté Jabalia pour fuir les combats, mais estime qu'il ne sera en sécurité nulle part dans la bande de Gaza.

«Personne ne peut imaginer»
«Une année s'est écoulée, pleine de souffrance, de maladie, de faim, de danger et de pertes, et on continue à souffrir», poursuit-il. «On se demande combien de temps cela peut encore durer».
Après un an d'opérations, Israël n'a toujours pas atteint ses objectifs d'assurer le retour des otages et d'en finir avec le Hamas.
Lundi encore, au moment où le pays se recueillait en hommage aux victimes du 7 octobre, les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas ont revendiqué le tir de salves de roquettes sur Tel-Aviv, où les sirènes d'alerte ont retenti une nouvelle fois.
«On s'attendait à des événements de ce type aujourd'hui», dit Samah Ali, 32 ans. «Tout le monde dans le camp est sorti pour voir d'où les roquettes venaient, mais maintenant, les gens évacuent par crainte d'une réponse israélienne», ajoute cette femme, déplacée à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
«On a le sentiment que le monde s'est arrêté» il y a un an, témoigne dans la même ville, où elle est aussi déplacée, Israa Abou Matar, 26 ans. «Je vieillis en voyant mes enfants affamés, effrayés, faire des cauchemars et hurler jour et nuit à cause du bruit des bombardements».
Ola Halilou, 32 ans, confie être «épuisée», pas seulement par les bombardements, mais aussi la faim, les maladies, et la détresse psychologique.
«Personne ne peut imaginer ce que nous avons traversé et comment nous sommes encore debout aujourd'hui», note-t-elle. «Ce qui amène tout le monde à se poser les mêmes questions: quel genre d'êtres humains sont les habitants de Gaza?»