«À cœur battant» de l’artiste canadienne Joyce Wieland au MBAM: une exposition criante de justesse avec l'actualité


Sarah-Émilie Nault
Alors que les Canadiens se mobilisent pour consommer des produits d’ici et de l’art local dans le but de contrer la menace américaine, À cœur battant, l’exposition rétrospective de l’artiste et activiste canadienne Joyce Wieland, tombe magnifiquement à point au Musée des beaux-arts de Montréal.

«Je pense qu’être artiste, c’est suivre sa propre voie et avoir le courage d’être soi-même, tel qu’on est», a un jour affirmé Joyce Wieland. Voilà qui donne le ton à l’œuvre colorée et engagée formant cette exposition hommage à la forte et fascinante Joyce Wieland.
Née à Toronto en 1930, l’artiste multidisciplinaire nous touche aujourd’hui droit au cœur alors qu’elle souligne sa fierté d’être Canadienne à travers des créations dessinées, peintes, cousues, assemblées, collées, tissées et filmées au fil de ses cinq décennies d’activité.

Féministe, férue d’histoire et de justice sociale, artiste politiquement engagée luttant pour le droit des femmes, la sauvegarde de l’environnement et l’égalité, l’astucieuse Joyce Wieland séduisait d’abord avec de belles couleurs... pour ensuite lancer des messages forts!

Thèmes d’actualité
C’est ce qui se sent alors que l’on se balade à travers les huit parties présentant ses œuvres aux préoccupations frappantes d’actualité. Celles-ci sont dévoilées par thèmes et par époque de sa vie de femme et d’artiste et réalisatrice visionnaire.
En revivant ses débuts dans les années 50 alors qu’elle était influencée par le graphisme, le cinéma et l’animation, jusqu’à la réalisation de ses tableaux percutants des années 60, on découvre son penchant pour le cinéma d’avant-garde, les œuvres grands formats, l’artisanat et les assemblages suspendus (qui sont composés des fameuses poches de plastique colorées).

«Si on veut sauver la planète, ce sont les femmes qui devront s’en charger», a déclaré la créatrice féministe.
L’une des salles de l’exposition est ainsi consacrée à sa douce fascination pour l’Arctique et son souhait de préservation. Il faut prendre le temps qu’il faut pour admirer les deux magnifiques courtepointes (ses plus larges jamais produites) baptisées Défendez la Terre et Caribous de la toundra.

«Je dois exprimer ce que c’est que d’aimer dans mes œuvres», a aussi confié Joyce Wieland, qui est décédée en 1998 des suites de la maladie d’Alzheimer.
Pour elle, aimer voulait dire célébrer son identité de femme et de Canadienne à travers son art (Joyce Wieland s’est même intéressée à la question identitaire des Québécois et à l’influence grandissante des États-Unis!), user de beauté pour dénoncer la laideur du monde et recourir à l’éternel thème de l’amour pour inciter les gens à prendre soin de la planète... comme ils devraient prendre soin les uns des autres.
Une œuvre criante d’actualité vous dites?

-L’exposition Joyce Wieland : À cœur battant sera présentée au Musée des beaux-arts de Montréal dès ce samedi 8 février. Elle pourra même être découverte en formule buvette musicale le 13 février, juste à temps pour la Saint-Valentin.