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Culture

À 61 ans, Sophie Prégent revoit ses priorités

Pour en savoir plus sur les différents projets de la Fondation Autiste & majeur ou pour faire un don: fondationautisteetmajeur.com.

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Michèle Lemieux

2025-10-03T10:00:00Z
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Cet été, pour la première fois de sa vie, Sophie Prégent s’est accordé le droit de ralentir. La comédienne a décliné les propositions afin de se concentrer sur sa vie familiale, particulièrement exigeante. Elle s’occupe non seulement de son fils, Mathis, mais également de son père — une responsabilité qui lui incombe entièrement depuis la perte récente de son frère unique. À 61 ans, Sophie s’autorise enfin à adopter un rythme différent. Malgré cette pause estivale, la rentrée est particulièrement foisonnante pour cette femme aux multiples facettes: actrice, maman, fille aimante, amoureuse et présidente du conseil d’administration du Conseil des arts et lettres du Québec.

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Sophie, tu reprends du service dans Alertes, mais ton personnage ne semble pas aller très bien...

En fait, elle a un problème de consommation, une dépendance aux opioïdes. Son fils est parti vivre au Costa Rica; elle se retrouve donc seule. Le retour au travail est extrêmement important pour elle. Sur le plan professionnel, elle est très compétente. Elle est capable de tenir le cap. Mais il n’en demeure pas moins que ce genre de problème ne se règle pas facilement. Elle aura un chemin de croix à faire. Elle est devenue dépendante aux antidouleurs. Elle a commencé à en consommer après avoir s’être fait tirer dessus, mais elle n’arrive plus à s’en défaire.

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Un problème fréquent, semble-t-il.

Oui. C’est une situation fréquente qui ravage des vies. J’ai commencé à tourner les scènes de janvier. Pour moi, ce sera complètement différent. Mon personnage fait contrepoids à l’action: il n’est jamais sur le terrain, mais au quartier général. Elle est au téléphone, donne des informations et répartit les tâches. Elle est ce qu’il est convenu d’appeler le «joint universel». Mon défi, comme comédienne, c’est d’être toujours dans cette action, même si je n’y suis pas concrètement. Il ne faut pas que je sois déconnectée. Je dois être dans la même ambiance, la même action, la même intrigue que les autres acteurs.

On te voit aussi dans Ravages, une nouvelle série qui démarre sur les chapeaux de roues!

Michelle Thibault dirige une boîte de communication. C'est une redoutable stratège dans son domaine — non pas une fine stratège, mais une grande stratège. Loin d'être vertueuse, elle travaille pour la société minière Minexore. Son objectif est de préserver l'image de cette entreprise, particulièrement dans le contexte environnemental actuel. Pour atteindre ses buts, elle fait preuve de valeurs plutôt élastiques. Mon personnage s'oppose directement à celui de Caroline Dhavernas, Sarah Deléan. Tandis que cette dernière recherche la vérité, Michelle Thibault veut simplement que son client s'en sorte. Elle apporte à Ravages une tension dramatique essentielle. Sa mission n'est pas de découvrir la vérité, mais de sauvegarder une image, de préserver la façade.

Eric Myre
Eric Myre

As-tu d'autres projets professionnels?

Non. Cet été, j’ai dit non à tout. Il fallait que je m’arrête. Il faut dire que je ne rajeunis pas. Je n’avais jamais tiré la plogue ou décliné des propositions. Charles et moi avons une maison à la campagne, et je n’avais pas envie de faire des allers-retours à Montréal. Je préférais être chez moi à me reposer. Cet été, j’ai pris soin de moi.

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Sophie, il faut quand même mentionner que tu as traversé des années bien chargées, notamment à l’UDA et durant la pandémie.

Oui, et une fatigue s’est accumulée. Mon bilan de santé est bon, mais je voulais vérifier si c’était normal que je me sente comme je me sentais. Tout va bien, mais j'avais l’impression d’avoir besoin de recharger ma batterie. C’était la première fois que je faisais ça. D’habitude, je cours après les contrats.

Est-ce que ça t’a fait peur, de ralentir?

Non. Pas à l’âge que j’ai... (sourire) J’ai moins faim et soif que par le passé. Il n’y a plus rien à prouver. On dirait que je m’engage dans une autre partie de ma vie. Ça ne veut pas dire que je ne travaillerai plus, mais que je ne cherche plus. Je ne suis plus en quête de quelque chose. Je suis bien comme ça.

Qu’as-tu fait de ton été pour te poser et te faire plaisir?

Il y a eu des travaux à l’extérieur de notre maison de campagne. Je m’en suis occupée. Comme il y a un grand terrain, j’ai fait mon potager et planté plein de choses. J’ai aussi profité de l’été pour me baigner. Cela dit, même pendant mes moments de détente, je continue de m’occuper de mon fils: j’attache ses souliers, je prépare ses lunchs, je lui donne son bain et je l’aide à s’endormir. Quand je suis à la maison, je n'arrête jamais vraiment.

Toute ta vie, tu seras la maman d’un jeune enfant?

Oui. J’ai pris le temps de cuisiner, chose que je ne faisais plus par manque de temps. C’est quelque chose que j’aime beaucoup. J’ai fait du ménage, notamment de mes garde-robes. J’ai vu le dentiste et le médecin. J’ai fait toutes ces choses que je remettais parce que je n’avais pas le temps de les faire, parce que je travaillais sept jours par semaine et que j’apprenais du texte huit heures par jour.

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Tu as pris du temps pour toi, finalement.

Oui, juste vivre la vie. Quand je travaille 12 ou 13 heures par jour, je n’ai plus le temps de rien faire. Je ne cuisine plus, je ne fais pas de ménage non plus. J’ai quelqu’un qui m’aide. Par contre, je prépare le lunch de mon fils tous les soirs. Le lendemain, je recommence à travailler. Tenir ce rythme-là 300 jours par année, ça ne sera plus possible. C’est trop. Il faut que j’apprenne à déterminer ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas.

À 61 ans, tu devrais commencer à être plus relaxe, mais sur un plan personnel, ça ne sera jamais le cas.

Effectivement, alors il faut que je relâche quelque part. Mon père aura bientôt 82 ans. Je suis la seule à pouvoir l’aider, car mon frère est décédé cet été. Il ne reste que mon père et moi. Nous nous épaulons l’un et l’autre. Mon frère avait 62 ans. Pour moi, ce sont comme des petits drapeaux rouges qui se lèvent. Mon frère habitait Toronto depuis toujours. Il est parti vivre là-bas alors que j’avais 16 ans. Mourir à 62 ans, c’est quand même jeune... C’est moi qui ai appris la nouvelle à mon père. Comment on annonce ça à son père?... Enfin, j’avais beaucoup de choses à gérer. Je me suis occupée de mon père. Je me suis occupée de rapatrier mon frère. J'étais contente de ne pas beaucoup travailler à cette période.

Ça te fait beaucoup de responsabilités...

J’appelle mon père tous les jours et je le vois tous les deux jours. Et j’ai mon fils. C’est plus facile que ça l’était, avec Mathis. Il est plus indépendant, mais je ne peux pas le laisser seul à la maison. Si je sors faire du jardinage et que je rentre à la maison, c’est sûr qu’il a fait un dégât. Il ne le fait pas exprès...

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Ça demande un soutien à la maison?

Oui. Je dois toujours gérer mon horaire et celui de la famille.

C’est important de former une bonne équipe avec Charles. Êtes-vous encore admiratifs l’un de l’autre?

Oui, bien sûr. Il ne manque pas de personnalité, Charles! Lors de la rentrée de TVA, c’est lui qui animait. Je le regardais aller et je me disais que, dans l’animation, mon chum est à un autre niveau. Je vais te faire une confidence. Ce jour-là, à 5 h 15 du matin, mon fils était déjà réveillé. Je n’ai presque pas dormi. Dans les minutes qui ont suivi, nous avons entendu un «bip, bip» à cause du frigo qui manquait de batterie. Charles et moi étions tous les deux à plat ventre avec les lampes de poche de nos téléphones pour essayer de voir en dessous du frigo. Je te jure: on n'a pas dormi de la nuit! Je pense qu’il devait être 7 h quand Charles a trouvé la solution et que le frigo a cessé de sonner... Charles, c’est un homme de solutions. Cette anecdote est représentative de notre vie. Durant l’été, j’ai pris des vacances avec Charles. Nous avons eu une douzaine de jours sans Mathis. Il était de son côté, nous étions du nôtre. Ça nous a fait du bien.

Dominic Gouin / TVA Publications
Dominic Gouin / TVA Publications

C’est important d’avoir du temps ensemble sans les enfants.

Tu sais, les enfants de mes amies ne sont plus à la maison. Et généralement, à l’âge que j’ai, on est grand-parent. Je ne suis pas dans cette situation et je ne le serai jamais. Alors, avoir un peu de temps pour moi, ce n’est pas un lux....

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Sophie, en terminant, j’aimerais qu’on évoque ton soutien à la Fondation Autiste & majeur, un engagement qui te tient à cœur.

Oui, et grâce à Go Consigne, qui offre un service de cueillette à domicile de contenants consignés, on peut offrir l’argent généré par le contenu à la Fondation Autiste & majeur. Charles et moi continuons à nous engager pour la cause. Je ne peux pas en parler tout de suite, mais nous allons annoncer quelque chose de nouveau. Je pense que la Fondation doit maintenant franchir l'étape suivante: celle de sa croissance et de son développement à plus grande échelle. Il faut élargir et aller chercher d'autres partenaires.

As-tu l’intention de faire en sorte que la Fondation roule toute seule, sans vous?

L'idéal, ce serait ça. J’ai 61 ans: je ne veux pas que ça meure avec moi. Il faut que ça continue. Donc, c’est le but. Je continue à assumer la présidence du conseil d’administration du CALQ (Conseil des arts et des lettres du Québec). La première année à ce poste m’a pris beaucoup de temps. Il fallait écouter les gens pour savoir ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin. Il me reste encore quelques dossiers à travailler. Puis, à un moment donné, je vais pouvoir quitter. Mais je n’en suis pas là: j’ai encore des chaudrons sur le rond...

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