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L'article provient de Bureau d'enquête

8200$ pour modifier une porte, 45 000$ pour une salle de recueillement: factures salées pour des travaux en PPP au CHUM

Les coûts pour les travaux mineurs dans le nouvel hôpital flambant neuf font sourciller

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Photo portrait de Éric Yvan Lemay

Éric Yvan Lemay

2025-05-20T04:00:00Z
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Huit mille deux cents dollars pour modifier une porte, 7700$ pour des bras de soutien dans les toilettes, 45 000$ pour réaménager la salle de prière; les coûts pour des travaux mineurs dans le nouvel hôpital flambant neuf du CHUM font sourciller.

Les données obtenues par notre Bureau d’enquête à la suite d’une demande d’accès à l’information démontrent que l’établissement a payé un peu plus de 220 000$ à son partenaire privé pour ces travaux, entre octobre 2023 et août dernier.

«Il y a une grande proximité avec le privé. Cette forme de sous-traitance fait exploser les coûts», déplore Félix Sylvestre, trésorier du Syndicat des employés du CHUM (SECHUM).

Parmi les travaux mineurs effectués au CHUM, on retrouve ces bras de soutien dans les toilettes installés au coût de 7700 $.
Parmi les travaux mineurs effectués au CHUM, on retrouve ces bras de soutien dans les toilettes installés au coût de 7700 $. Photo fournie par une source journalistique

Dans le cadre du partenariat public-privé, l’entretien et l’exploitation de l’établissement ont été confiés à la multinationale AtkinsRéalis (anciennement SNC-Lavalin) depuis l’an dernier. C’est cette firme qui a le mandat de réaliser les travaux de modification demandés par l’Hôpital.

Un modèle coûteux

Or, cette formule a un coût. Ainsi, l’Hôpital a dépensé près de 8000$ pour une dizaine de bras de soutien dans les toilettes du service d’ophtalmologie et plus de 6000$ pour mettre sous clé des contenants d’azote.

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Chaque fois, le partenaire privé facture différents montants pour des changements aux plans de l’hôpital, des frais de gestion, un profit ainsi qu’un montant pour l’entretien.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Le modèle de partenariat public-privé (PPP) du CHUM comporte des obligations contractuelles importantes où, notamment, les spécialités professionnelles sont parties prenantes de toutes modifications», indique la porte-parole de l’établissement, Rébecca Guénard-Chouinard.

Le contrôle des poussières et du bruit dans l’hôpital ont aussi contribué à faire grimper la facture.

Pour Félix Sylvestre, il serait plus avantageux d’effectuer les travaux avec des employés à l’interne comme c’était le cas auparavant.

«Réaménager un local, c’était nos travailleurs qui faisaient ça. Ça se faisait vite avec nos journaliers», dit-il.

Félix Sylvestre, trésorier du Syndicat des employés du CHUM.
Félix Sylvestre, trésorier du Syndicat des employés du CHUM. Photo tirée du site du SECHUM

M. Sylvestre ajoute qu’il faut maintenant remplir une requête pour des choses aussi simples qu’un circuit électrique qui saute.

Manque de transparence

Pour ce qui est de la somme de 44 557$ dépensée pour réaménager la salle de recueillement, le CHUM n’a pas voulu donner de détails sur la nature des travaux. L’argent pour ces travaux a toutefois été recueilli par le service des bénévoles, qui gère le service des soins spirituels. Il provient de tournées de café et de jus, de dons des usagers ou de la vente d’objets promotionnels du CHUM.

Le CHUM a refusé l'accès au Journal à la salle de recueillement pour voir les travaux de 45 000 $ qui y ont été faits. La salle est fermée depuis plusieurs semaines, sauf sur réservation.
Le CHUM a refusé l'accès au Journal à la salle de recueillement pour voir les travaux de 45 000 $ qui y ont été faits. La salle est fermée depuis plusieurs semaines, sauf sur réservation. Photo Éric Yvan Lemay

Le syndicat des employés déplore d’ailleurs la difficulté d’avoir de l’information concernant ce genre de dépenses.

«C’est très opaque. Il y a un enjeu de transparence», dit-il en rappelant que les travaux sont financés par l’argent public même s’ils sont réalisés par le privé.

La construction du nouveau CHUM s’est terminée en mai 2021, après une dizaine d’années de travaux. L’entente de partenariat public-privé doit se terminer dans un peu plus de 25 ans.

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