Sept meurtres en 10 jours à Montréal: le SPVM se veut rassurant, mais la violence imprévisible est inquiétante, selon d’anciens policiers
Le commandant Caron concède qu’il est «préoccupant de voir autant de meurtres en aussi peu de temps»

Laurent Lavoie
La police de Montréal a lancé un appel au calme et s’est voulue rassurante mercredi après une série de sept meurtres en dix jours, mais cette flambée de violence imprévisible demeure inquiétante, estiment d’anciens policiers.
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«C’est quoi la solution? Je pense qu’on remonte à loin, parce que ce n’est pas une problématique d’organisations criminelles, c’est une problématique de comportement criminel», avance André Gélinas, ex-policier spécialisé dans le crime organisé au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Alexandre Vatamanu, 23 ans, Ulrick Peterson Célestin, 25 ans, et Ahmed Ouilal, un adolescent de 15 ans, ont été tués au terme d’une virulente bagarre, mardi soir, dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal.
Le drame a forcé la direction du SPVM à prendre la parole, mercredi.
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«Montréal, assurément, est sécuritaire, si on compare avec toutes les autres villes canadiennes et américaines», a insisté le commandant de la Section des crimes majeurs du SPVM, Jean-Sébastien Caron.
«Ça reste qu’effectivement c’est préoccupant de voir autant de meurtres en aussi peu de temps», a-t-il concédé.

Pas lié et inquiétant
Le grand patron des enquêtes criminelles a confirmé que le conflit de mardi soir n’était pas relié au crime organisé, aux gangs de rue ou encore aux autres homicides survenus dans la dernière semaine.
«C’est inquiétant parce que la police ne peut rien faire pour empêcher ça, c’est spontané», observe d’ailleurs Jean-Claude Gauthier, ex-enquêteur au SPVM.
«Si c’était un crime relié à une organisation criminelle, la police peut toujours faire des suivis, etc. Mais un féminicide, tu ne peux empêcher ça à moins qu’il y ait eu des appels [tout comme] des chicanes entre voisins [mortelles]», ajoute M. Gauthier.

Il fait ici référence à Patrick Conor O’Loughlin, un homme de 27 ans, poignardé à mort lors d’une banale chicane de voisins concernant de la musique trop forte ainsi qu’au meurtre de Naima Rezzek, 55 ans, qui aurait été tuée par son ex-conjoint.
Les anciens policiers consultés par Le Journal sont néanmoins d’avis qu’une plus grande visibilité policière pourrait en partie aider à freiner cette flambée de violence.
«Il ne faut pas que la présence policière soit la seule réponse, souligne François Doré, qui a travaillé à la Sûreté du Québec pendant 33 ans. On a de grosses questions de société à se poser. On est rendu où?»

Arrestations
Somme toute, ce triple meurtre porte à 16 le nombre d’homicides commis à Montréal depuis le début de l’année. Mercredi après-midi, aucune arrestation n’avait eu lieu dans cette affaire.
«On est encore en train de regarder des vidéos des caméras de surveillance, rencontrer des témoins, récupérer de la preuve», a expliqué en matinée le commandant Caron.
Le haut gradé du SPVM a néanmoins tenu à souligner les diverses arrestations liées aux plus récents assassinats.
«Il n’y a aucune violence qui va être tolérée, surtout pas des homicides», a-t-il mentionné.
Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a pour sa part réitéré sa confiance envers le SPVM.

Malgré une baisse des statistiques pour la violence armée, «un meurtre à l’arme blanche, c’est un autre de trop quand même», a-t-il commenté.
– Avec la collaboration de Rémi Nadeau, chef du Bureau parlementaire à Québec
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