7 fois où la CAQ a juré sur sa vie que le 3e lien se ferait (et que des voitures y rouleraient)


Jean-Michel Clermont-Goulet
Au lendemain de la défaite de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans l’élection partielle dans Jean-Talon, le premier ministre François Legault laisse entrevoir la possibilité d'un retour du volet routier du troisième lien. Son gouvernement avait toutefois décidé au printemps dernier de dédier le troisième lien au transport collectif. Retour sept toutes les fois où la CAQ a promis que des voitures allaient y rouler.
Le «meilleur scénario»
En mai 2022, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, rappelait que la mouture de l’époque, qui prévoyait un tunnel bitube allant dans les deux directions, était le scénario avec le moins d’impacts possible sur l’environnement.

«Nous avons retenu le scénario où il y a le moins d’impact possible environnemental dans sa forme de tunnel. C’est le scénario où l’impact sur l’étalement urbain est le moins grand», a-t-il plaidé.
Le projet initial prévoyait six voies dans les deux directions.
Se battre coûte que coûte
Pour insister sur le fait que le troisième lien allait bel et bien être réalisé, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, semblait prêt à tout.

«On va le faire, le troisième lien. Et je veux que les gens de Québec sachent que c’est un projet pour lequel je suis prêt à me battre jusqu’à ma dernière goutte de sang. On va le réaliser», avait-il dit en juin 2022.
En 2018, il était allé jusqu’à mettre en jeu son siège à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, plusieurs appellent à sa démission.
Petite place au transport collectif
Un mois plus tard, en juillet 2022, François Legault rappelait que sur les deux voies prévues dans chaque direction de la mouture de l’époque, une serait réservée aux autobus pendant les heures de pointe.

«Ça va prendre genre 10 minutes au lieu de prendre une trentaine de minutes en passant par les deux ponts. Donc, c’est une bonne façon aussi d’inciter les gens à utiliser davantage le transport collectif», soulignait M. Legault.
La nécessité d’un lien routier additionnel entre Québec et Lévis n’était plus à démontrer, selon le premier ministre. «C’est clair, pour moi, qu’il y a un besoin.»
Le troisième lien, un «incontournable»
Le premier ministre Legault a admis en septembre dernier qu’il n’y avait toujours pas d’étude pour la mouture à quatre voies.

Or, malgré l’absence de document pour appuyer ses propos, le chef caquiste disait être convaincu de sa nécessité, compte tenu de la congestion sur les ponts existants et de la croissance démographique prévue à Québec et à Lévis.
«Si on veut encourager les gens à utiliser le transport collectif, il ne faut pas faire le grand tour sur les deux ponts pendant une demi-heure. Il faut avoir un lien qui prend dix minutes», disait-il.
«Lâchez-moi avec les GES!»
Dans une envolée lyrique, le candidat caquiste dans Lévis à l’élection provinciale et actuel ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a longuement martelé qu’il fallait un troisième lien et qu’il allait y en avoir un, en septembre dernier. Au point où, pour lui, il n’était pas nécessaire de parler des émissions de gaz à effet de serre (GES) supplémentaires qu’entraînerait la réalisation du projet autoroutier.
«Lâchez-moi avec les GES», s’était impatienté l’ex-animateur radio, qui a vite rappelé que la plupart des voitures qui emprunteraient le tunnel seraient électriques au moment de sa mise en service.
«Les gens sont de plus en plus tannés de se faire dire: “vous-en n’avez pas besoin!”. Ah ouin?! Viens donc dans notre région, te placer en ligne le matin ou le soir... Tu me le diras après ça, que j’en n’ai pas besoin, de troisième lien!», avait-il lancé aux journalistes.
«Une décision politique»
En pleine campagne électorale, François Legault avait assuré aux électeurs qu’il prenait la «décision politique» d’aller de l’avant avec un tunnel à quatre voies, peu importe les conclusions de l’étude sur le troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis.
Le premier ministre avait toutefois admis se baser sur aucune littérature pour justifier la mouture à quatre voies et que les études allaient servir à peaufiner le résultat final.
«On va de l’avant»
Toujours durant la dernière campagne électorale provinciale, François Legault avait confirmé avoir donné le feu vert à un avant-projet sur le bitube sous-fluvial au printemps 2022. L’étude d’opportunité sur le troisième lien n’était pourtant pas terminée.
Selon le chef de la CAQ, le fait d’avoir mis le troisième lien sur la voie rapide démontrait sa motivation à réaliser, une fois pour toutes, le projet.
«On va de l’avant pour un tunnel à quatre voies», a-t-il dit.
− Avec les informations du Bureau parlementaire