Féminicides au Québec : «C’est un enjeu de sécurité publique»
Agence QMI
Les féminicides constituent un véritable enjeu de sécurité publique dans la province, selon la directrice générale de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, Manon Monastesse.
• À lire aussi: Femme tuée à Vaudreuil-Dorion: un 5e féminicide en 5 semaines au Québec
• À lire aussi: Féminicide à L’Épiphanie: «fragilisé» par un déménagement en résidence pour aînés, il tue sa femme
• À lire aussi: «Ma sœur est décédée parce qu’elle a osé dire non à son ex»
Un cinquième meurtre conjugal en autant de semaines a été commis mardi matin dans un immeuble résidentiel de Vaudreuil-Dorion, en Montérégie.
La victime est Joanie Imbeault, mère de deux jeunes enfants qui aurait été tuée par Francis Legault. Ce dernier aurait ensuite mis fin à ses jours dans le parc des Ancres, au cœur de la petite municipalité de Pointe-des-Cascades.
«C'est d'autant plus inquiétant pour nous, c'est un enjeu de sécurité publique...Le féminicide c'est [...] la pointe de l'iceberg... Il y a tout ce qu'on a en termes de tentatives de meurtre, de séquestrations, de harcèlement», énumère Mme Monastesse.
Au cours de la dernière année, 20% des femmes hébergées ont reçu des menaces de mort de la part de leur conjoint, de leur ex-conjoint ou d’une connaissance, relate-t-elle.
Cibler les signes avant-coureurs
Mme Monastesse fait notamment partie d’un comité d’études qui veille à analyser la séquence des événements qui mènent à un féminicide. Selon elle, il existe un manque de formation afin de bien identifier les potentiels dangers qui pourraient mener à un drame.
«On en arrive vraiment à la conclusion qu’il y a des patterns... Dans le rapport on le constate : dans plus de 60% des situations, il y avait 10, 12, 15 drapeaux rouges qui n’avaient pas été pris en compte, qui n’avaient pas été analysés à leur juste valeur», explique-t-elle.
Meilleure collaboration
Celle qui est à la tête de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes déplore le manque de formation et de collaboration entre les différents acteurs sur le terrain.
«On sait bien que les policiers ne sont pas des travailleurs sociaux, mais ça prend un meilleur maillage avec les experts terrain, dont les intervenants de maisons d'hébergement, pour arriver à soutenir les policiers dans leur travail», clame-t-elle.
Elle ajoute qu’il serait important de créer une entité gouvernementale interministérielle qui s’occuperait de tous les enjeux en termes de prévention, de sensibilisation, d’intervention et d'évaluation afin de mettre en branle des plans d’actions concrètes.