550 travailleurs de Newrest perdront leur emploi
Martin Jolicoeur
La multinationale française de restauration aérienne, qui a fait parler d'elle pour sa participation présumée à un système illicite de recrutement de travailleurs migrants, s’apprête à mettre à pied près de 550 travailleurs à Montréal.
La direction de Newrest Corporation n’a pas répondu à nos appels. Mais, selon des informations tirées de documents du ministère québécois de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS), Newrest Montreal Corporation a choisi de fermer définitivement ses installations du boulevard Hymus, à Dorval.
De fait, le MESS rapporte avoir reçu un avis de licenciement de l’entreprise toulousaine le 16 juillet, en vue de mises à pied massives prévues d’ici la fin du mois d’octobre. Selon Newrest, jusqu’à 544 travailleurs de l’entreprise de préparation de repas pour l’industrie aérienne devraient perdre leur gagne-pain.
«C’est dommage. Il faudra tous nous trouver un autre emploi. Mais c’est la vie. Nous n’avons pas le choix», a confié, résigné, au Journal un des employés de la française rencontrés mercredi, près de l’usine. Comme ses collègues, il ne se fait pas d'illusion sur ses chances de conserver son emploi.
Ces mises à pied surviennent alors qu’Air Canada a pris la décision de changer de partenaire alimentaire. À compter du 1er janvier, le transporteur fera affaire avec GateGroup (anciennement Gate Gourmet), une société suisse.
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Fausses promesses
Mais surtout, elles surviennent quelques semaines après que la Cour supérieure du Québec eut autorisé, en mai, une action collective contre le conglomérat Newrest Holding S.A. et une kyrielle d’agences de placement de personnel de la grande région de Montréal.
Dans cette affaire, le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI) alléguait que des centaines de travailleurs migrants avaient été victimes d’un système illicite mis en place par ces derniers. Ainsi, des migrants recrutés à l’étranger étaient incités à travailler pour Newrest contre la fausse promesse de l’obtention d’un permis de travail valide au Canada.
Il y a quelques semaines, le CTTI et Newrest ont conclu, sans aucune admission, une entente de règlement de 2,3 M$. La Cour supérieure tiendra une audience le 26 août pour déterminer si le règlement doit être approuvé.
Est-ce que la décision d’Air Canada de changer de fournisseur alimentaire est liée à cette affaire? La direction s’est montrée évasive, soutenant mettre régulièrement ses prestataires en concurrencepour s’assurer de bénéficier du meilleur rapport qualité-prix.
«Il s’agit donc d’une procédure normale, et nous ne commentons pas sur les critères de choix d’un prestataire par rapport à un autre», a répondu son vice-président communication, Christophe Hennebelle.
Rencontré sur place, sur le boulevard Hymus, à Dorval, le directeur général des installations de Newrest à Montréal, Nicola Monaco, a décliné notre demande d’entrevue. Il a toutefois indiqué que, malgré les centaines de mises à pied à venir, Newrest continuerait de servir ses autres clients restant à Montréal. Parmi eux: Air France et KLM.
Clement Chediny, grand patron de Newrest pour le Canada, a aussi refusé de répondre à nos questions, nous dirigeant vers le siège social de l’entreprise, à Toulouse. Mercredi en fin de journée, Le Journal attendait toujours des réponses de la France.
Newrest est la propriété de l’homme d’affaires Olivier Sadran, ancien président du Toulouse FC (pour Football Club) entre 2001 et 2020. Newrest compterait aujourd'hui 60 000 employés dans 54 pays. L'entreprise a réalisé en 2024, des ventes de 4 milliards $.
-Avec la collaboration de Sylvain Larocque.