«51e État chéri»: Donald Trump nargue encore les Canadiens en doutant de leur souveraineté

Laurent Lavoie
Le président Donald Trump a nargué les Canadiens, lundi matin, en remettant une nouvelle fois en doute leur souveraineté, allant jusqu’à les inviter à éventuellement voter... pour lui.
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Une ultime provocation pour favoriser une victoire du libéral Mark Carney, a estimé André Lamoureux, chargé de cours au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
«C’est de l’ingérence», a-t-il commenté sans détour.
Pendant que les bureaux de vote ouvraient leurs portes dans tout le pays, Donald Trump a laissé entendre que les Canadiens devraient le porter au pouvoir si le pays devenait un jour le «51e État chéri».
Il les a appelés à élire «l’homme qui a la force et la sagesse de réduire vos impôts de moitié, de renforcer vos capacités militaires [...], de quadrupler les secteurs de l’automobile, l’acier, l’aluminium, l’énergie et tous les autres, sans droits de douane ni taxes».
Une référence directe aux «idées fortes» du président, soutient André Lamoureux.
Dans sa publication, Trump a aussi qualifié la frontière canado-américaine de «ligne artificielle».
En martelant de nouveau ces idées, «il a aidé directement Mark Carney, du moins pour les gens qui votaient aujourd’hui. Ça rappelait que l’enjeu, c’est de barrer Trump», a analysé M. Lamoureux.
Du déjà-vu
En effet, cette diatribe relève du déjà-vu pour le républicain, qui a été omniprésent dans la campagne électorale fédérale.
Après sa victoire à l’automne, le président a commencé à encourager publiquement l’annexion du Canada, puis a déclenché une guerre commerciale sans précédent en imposant des tarifs douaniers.
Ces attaques, combinées au départ de Justin Trudeau, ont eu l’effet d’une bouée de sauvetage pour le Parti libéral du Canada (PLC), qui croupissait dans les sondages, soutient André Lamoureux.
«Si Trump n’était pas là, s’il n’y avait pas eu de menaces, je ne pense pas que Mark Carney aurait fait long feu», a résumé le spécialiste de la politique canadienne et québécoise.
Motifs à découvrir
Il y a lieu de s’interroger sur les motifs qui pourraient avoir motivé le président Donald Trump à mousser la campagne de Carney, d’ajouter l’expert.
Il rappelle que le chef conservateur, Pierre Poilievre, est une «personne plus directive et décidée», avec «un caractère assez marqué».
D’ailleurs, le ton du dirigeant américain à l’endroit du Canada avait soudain changé, en mars, lors d’un appel téléphonique «extrêmement productif» avec Mark Carney.
«Nous nous rencontrerons immédiatement après les élections canadiennes à venir, pour travailler sur des éléments de politique, de commerce [...]», avait-il écrit sur les réseaux sociaux.
Lors de cet appel, Trump avait «respecté la souveraineté de notre pays dans la conversation et dans ses commentaires publics», avait assuré Carney.
Cette affirmation est toutefois venue hanter le chef libéral la semaine dernière. Des sources avaient confié à Radio-Canada que la question du 51e État avait bel et bien été l’un des sujets abordés lors de l’appel.
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