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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

4 juillet 1776: le compromis américain

Dessin de Benjamin Franklin en 1754.
Dessin de Benjamin Franklin en 1754.
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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2023-07-05T15:30:00Z
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La pandémie a interrompu une sorte de tradition à laquelle j’étais attaché. Avant que la COVID-19 ne limite nos déplacements, je vivais le 4 juillet aux États-Unis.  

Chaque fois, la magie semblait opérer. De gauche ou de droite, républicains ou démocrates, les Américains croisés se réjouissaient d’être citoyens des États-Unis, donnant même l’impression de croire, ne serait-ce que pendant cette journée, qu’ils avaient un projet commun.

La diversité est dans leurs gênes

Nous constatons chaque jour à quel point la polarisation et la division sévissent au sud de notre frontière. Le phénomène ne touche pas que les États-Unis, mais il y est si prononcé qu’on en vient à craindre pour son avenir et sa stabilité. Je m’en confesse volontiers, il m’arrive d’être inquiet.

Pourtant, les Américains n’ont jamais été profondément unis. Dès l’époque coloniale, l’implantation des 13 colonies s’effectue selon des modèles distincts et les premiers colons anglais, souvent de confessions religieuses différentes, côtoieront les Espagnols, les Hollandais, les Français et les Premières Nations. Un pays d’immigrants qui en accueillera bien d’autres.

Treize colonies dont on n’imagine pas qu’elles en viendront à serrer les rangs par nécessité pour se défaire de l’emprise britannique. Une fois cet objectif atteint, la suite de l’histoire en est une de négociations plus ou moins régulières pour préserver un équilibre entre les États et les régions.

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Quatre-vingt-cinq ans après la Déclaration d’indépendance, le premier «nous», le Nord et le Sud, différents dans toutes les sphères d’activités, se livrent un combat de quatre ans qui ravage le Sud. 

Si aucune autre guerre civile n’a éclaté depuis, les vents contraires et les manifestations n’ont pas manqué de déferler sporadiquement sur le pays. Malgré tout, les États-Unis se sont hissés au rang de première puissance mondiale sur les plans militaire et économique au 20e siècle.

Qu’il s’agisse des excès du capitalisme industriel de la fin du 19e siècle, de la tentation fasciste des années 1930 ou encore des luttes pour la reconnaissance des droits des minorités dans les années 1950 et 1960, les Américains se sont relevés, trouvant chaque fois, même si elle est souvent imparfaite, une solution viable.

L’art du compromis

Dans une tentative pour expliquer ce que sont les Américains, l’ancien chroniqueur de La Presse Pierre Foglia avait eu cette formule intéressante: les États-Unis sont une idée. J’ajouterais que cette idée, peu importe son sens ou la forme qu’elle prend, ne devient possible qu’en considérant une notion omniprésente au fil de l’histoire, celle du compromis.

Au moment de souligner les 247 années qui séparent ce 4 juillet de celui de 1776, dans un élan d’idéalisme et d’attachement sincère à la société américaine, je souhaite à nos voisins de retrouver la sagesse et le pragmatisme des colons qui ont répondu au dessin de Benjamin Franklin qui coiffe mon texte.

Join or die, s’unir ou périr. Tout est là, les États-Unis sont à la croisée des chemins.

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