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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

4 ans de CAQ : prometteur, mais peut faire mieux

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Photo portrait de Richard Martineau

Richard Martineau

2022-06-11T09:00:00Z
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Vous savez quelle image me vient en tête lorsque je pense à la CAQ ?

Le pont Pie-IX. 

Un pont tout neuf construit sur de vieilles fondations qui devront être remplacées dans quelques années. 

À première vue, la CAQ est une belle bébelle. Comme les Lab-École, les maisons des aînés et les maternelles quatre ans. 

Ça sent le neuf, ça reluit – bref, c’est épatant.

Mais lorsqu’on y regarde de plus près, on se rend compte que ce « beau parti tout neuf qui nous promet de faire les choses autrement » est construit sur de vieilles fondations qui ont mal résisté au temps. 

C’est comme une belle salle de cinéma avec de gros fauteuils moelleux et un système de son dernier cri, mais dans lequel on passe des mauvais remakes de vieux films rayés. 

Le Beau risque, avec Trudeau à la place de Mulroney. 

La série Duplessis, avec François Legault dans le rôle du Chef.

Et Le Jour où Bourassa s’est écrasé.

Des films qu’on a vus et revus. 

Ah, certes, la CAQ a de l’allure, comme une autoroute fraîchement pavée !

Mais cette route nous mène dans le même cul-de-sac où l’on s’est retrouvé après la défaite du Oui en 1980 et au lendemain de la mort de Meech. 

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C’est la même impasse, le même mur.

Rien n’a changé.  

PREMIER ÉPISODE

Comme le premier Parrain, le premier mandat de la CAQ s’est terminé sur une porte qui se refermait.

Pas sur le visage défait de Diane Keaton, mais celui – ambigu – de François Legault, qui venait gentiment de demander de nouveaux pouvoirs en immigration. 

Que nous réserve le second mandat ? On l’ignore. Une chose est sûre : c’est là que tout va se jouer. 

Autant l’avenir de la timide loi 96 que celui de la tout aussi timide loi 21. 

C’est là qu’on va savoir ce que le gouvernement caquiste a dans le ventre. 

François Legault va-t-il triompher comme De Niro dans Le Parrain 2 ? Ou imploser comme Pacino dans le même film ?

« On verra », comme il dit. 

NATIONALISME LIGHT

En attendant, il faut juger le premier mandat de la CAQ comme le premier épisode d’une série. 

Il a mis la table. Imposé un ton (le nationalisme populiste light). Et présenté les personnages principaux. 

L’arrogant et impulsif Fitzgibbon, qui achète des emplois en distribuant des subventions à gauche et à droite, même aux multinationales gonzilliardaires. 

Le calculateur Jolin-Barrette, qui avance prudemment ses pions, allant le plus loin qu’il peut sans outrepasser les limites imposées par son patron. 

Le sympathique, mais néanmoins rigoureux Dubé, qui a repris avec fermeté les rênes d’un ministère qui allait droit dans le champ. 

Etc.

LE MOT CLÉ : ÉMOTION

Le gouvernement caquiste carbure à l’émotion.

C’est sa force et sa faiblesse.

Autant il a été capable de raviver les braises de notre fierté nationale que l’on croyait éteintes, autant son besoin inextinguible d’être aimé l’amène trop souvent à gérer par sondages et à lancer des projets qui semblent séduisants de prime abord, mais qui sont mal ficelés. 

Mais donnons la chance au coureur.  

Ma note ? J’hésite entre B- et C+.

Prometteur, mais peut faire mieux. 

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