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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

3e lien: Martine Biron vient de commettre sa première grosse gaffe

Martine Biron
Martine Biron Capture d'écran, TVA Nouvelles
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2023-04-27T04:00:00Z
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Il nous arrive tous d’avoir un mot, une métaphore, qui nous colle à l’esprit.

Pour la ministre Martine Biron, hier, c’était «ascenseur».

En répondant à une question de l’opposition sur le débordement des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence, Biron (aussi responsable de la Condition féminine) voulut illustrer que la CAQ faisait mieux que les libéraux: «L’ascenseur [était] au troisième sous-sol. Tranquillement, nous avons investi, et l’ascenseur a remonté.»

Gaffe

Or, c’est précisément la métaphore dont elle avait usé pour faire comprendre que l’abandon du troisième lien autoroutier, par la CAQ, nécessitait, pour son comté, une «compensation».

«C’est ce qu’on fait généralement quand on ne tient pas nos promesses, on dit aux gens: “Je vais te le rendre, je t’en dois une’’», avait-elle expliqué.

Une première vraie gaffe pour l’ancienne journaliste.

Il fallait voir François Legault, hier, serrer les dents en recadrant sa ministre. 

Un député d’opposition venait de lui demander de dire clairement aux Québécois «que, non, il n’y aura pas de prix de consolation», pas de «retour d’ascenseur».

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Réponse du PM: «Je veux le rassurer, ça va être fait de façon équitable, selon les besoins de chacun des comtés du Québec.»

Toujours en serrant les dents, les caquistes ont aussi appuyé, «sans débat», une motion proposée par la libérale Marwah Rizqy: «Que l’Assemblée nationale rappelle au gouvernement caquiste que les décisions en matière de projets d’infrastructures doivent reposer sur des besoins démontrés, des données probantes, des études de qualité, tout en respectant l’ensemble des critères régissant les divers programmes d’infrastructures.»

La motion fait d’une pierre deux coups : elle rejette la logique clientéliste des «retours d’ascenseur»; et ensuite tout l’argumentaire qui a sous-tendu le projet du troisième lien depuis 2014!

2014

Oui, 2014. C’est en octobre de cette année que la CAQ avait réussi contre toute attente à conserver le comté de Lévis. François Paradis avait remporté une élection partielle déclenchée à la suite de la démission de... Christian Dubé.

Un des sujets qui avaient retenu l’attention et propulsé la CAQ? Une étude de faisabilité sur le troisième lien.

La candidate libérale Janet Jones avait trébuché sur la question en laissant entendre, dans un premier temps, que l’étude était «en cours», ce qui était faux. 

Elle dut admettre que le gouvernement Couillard priorisait l’assainissement des finances publiques.

«Pour le moment, on n’a pas les moyens», avait candidement précisé le ministre responsable de la Capitale, Sam Hamad. Quelques jours avant le vote, il se ravisait: «C’est beau, on va la faire l’étude.»

Gérard Deltell, alors caquiste, lui avait reproché de voler les idées de son parti. Après avoir rappelé qu’Hamad, pendant neuf ans, avait été ministre, dont aux Transports, et qu’il «n’avait rien fait» pour le troisième lien.

Le soir de la victoire dans Lévis en 2014, François Legault déclarait: «C’est pas vrai qu’on peut dire quelque chose en campagne électorale et faire le contraire une fois élu.» (!)

Nous sommes en 2023, la CAQ est au pouvoir depuis 2018. Et l’étude de «faisabilité» du troisième lien? Perdue dans un ascenseur?

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