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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

3e lien: la famille caquiste est soudée, mais elle est blessée

Réunis mardi en privé avec le premier ministre François Legault, les élus caquistes de la grande région de Québec lui ont sûrement posé quelques questions difficiles.
Réunis mardi en privé avec le premier ministre François Legault, les élus caquistes de la grande région de Québec lui ont sûrement posé quelques questions difficiles. Photo d’archives
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2023-04-26T04:00:00Z
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Une semaine après l’abandon du projet de tunnel autoroutier reliant Québec et Lévis – un engagement électoral pourtant sacré de la CAQ depuis 2018 –, l’heure au gouvernement est au recollage accéléré de pots cassés.

Réunis mardi en privé avec le premier ministre, les élus de la grande région de Québec lui ont sûrement posé quelques questions difficiles.

Pourquoi ne pas les avoir consultés avant l’annonce de l’abandon du projet par la vice-première ministre Geneviève Guilbault ? Pourquoi n’étaient-ils pas eux aussi dans le secret des dieux ? 

Depuis quand savait-il que le projet était voué au cimetière des promesses électorales brisées ? Avant ou après la campagne de 2022 ?

Seuls à connaître ses réponses, au sortir de leur assemblée de réconciliation, la réaction des élus était néanmoins prévisible. Quand le vent souffle un peu fort et qu’on est au pouvoir, on serre les rangs. Sinon, on démissionne. Ce qu’aucun élu caquiste n’a fait.

Personne n’a même voulu dire si M. Legault leur avait offert ou non des excuses, mais tous ont dit que la famille caquiste était et demeurait soudée. Or, que ce soit au sein du caucus ou des populations touchées, cela ne veut pas dire pour autant que les blessures se refermeront comme par magie.

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En fait, seul le temps dira si pour la CAQ, les dommages seront modestes ou si, aux élections de 2026, ils lui coûteront quelques comtés.

Semer le doute

Chez les partis d’opposition, éclipsés par la popularité persistante de la CAQ et de son chef depuis leur arrivée au pouvoir en 2018, l’espoir est que son recul sur une promesse phare leur offre enfin une première faille à exploiter. 

Après avoir ciblé le ministre Éric Caire pour son refus de démissionner malgré qu’il ait mis son siège en jeu pour le 3e lien, les chefs d’opposition visent maintenant François Legault lui-même.

Comme s’ils avaient tous eu le même flash, sachant que son électorat apprécie l’authenticité de François Legault, ils sèment le doute sur la sincérité de sa promesse d’un 3e lien et la valeur de sa parole donnée. 

Le chef de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, demande si M. Legault n’a pas mené sciemment les Québécois « en bateau pendant des années avec un projet insensé » ?

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon l’accuse de « bris de contrat démocratique » et décrit la CAQ comme étant « prête à dire plus ou moins n’importe quoi pour se faire élire ».

Sans compter le chef conservateur Éric Duhaime. Il sillonne le comté d’Éric Caire, exige sa démission et prie surtout qu’il pourrait le lui ravir en 2026.

Stratégie risquée

En laissant entendre que M. Legault s’est entêté sur le 3e lien pour des raisons purement électoralistes, la vraie question qu’ils posent aux électeurs est comment lui faire confiance à l’avenir ?

S’en prendre à l’éthique d’un premier ministre toujours aussi populaire est cependant une stratégie risquée. Gare à l’effet boomerang si les électeurs de la CAQ lui pardonnent son recul.

Or, si les chefs d’opposition tentent de semer le doute, c’est aussi parce que le premier ministre promet depuis une semaine un tunnel Québec-Lévis réservé au transport collectif. Un projet coûteux dont la nécessité, encore une fois, n’est toujours pas documentée.

Au sortir de leur réunion, le ministre Bernard Drainville s’y est même engagé clairement : « Il faut le faire correctement, mais il faut le faire. » Oups.

S’il fallait que le gouvernement se voie obligé de reculer à nouveau d’ici la fin de son mandat – ce qui est possible –, le doute semé aujourd’hui par ses adversaires pourrait alors revenir le hanter.

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